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Κυριακή 2 Δεκεμβρίου 2018

Callirrhoé Parrein (1861-1940): La pionnière du «beau féminisme» grec

par Marianthi Bella
enseignante de FLE







Les premières années
Elle voit le jour à Platania Amariou de Rethymno en 1861. Après la révolte des Crétois contre l’Empire Ottomane (1866), qui a été réprimée dans le sang, sa famille se rend à Athènes où son père, Stylianos Siganos, devient président du comité des réfugiés Crétois. 
Elle reçoit une bonne formation intellectuelle dans les plus fameux pensionnats d’Athènes et du Pirée. Elle fréquente d’abord l’ «École Sourmeli», ensuite l’ «École Française de Religieuses» et enfin «Arsakeion», d’où elle obtient le diplôme d’institutrice (1878), avec la mention “excellent”[1]. Après la fin de ses études elle se rend à Odessa où elle enseigne dans le pensionnat de jeunes filles de la commune grecque (Ziogou, 1991: 3769).

Vers un journalisme au service de la cause féministe
De retour à Athènes, elle se marie avec Jean Parrein, journaliste d’origine franco-anglaise et fondateur de l’ «Agence de presse d’ Athènes». Grâce à lui elle se lie d’amitié avec des journalistes et des intellectuels importants de son temps et reçoit leur influence. Sa volonté d’être toujours informée sur toutes les affaires publiques, nationales et internationales la pousse vers le journalisme. Alors, avec le soutien de son époux, elle crée son propre journal, le premier hebdomadaire grec élaboré exclusivement par des femmes et destiné à un lectorat féminin. Son premier but est d’initier les femmes grecques aux courants d’idées féministes, déjà développés dans les pays occidentaux, et les mobiliser pour transformer leur position sociale. Certes, la publication d’un journal féminin dans un environnement où la plupart des femmes reste confinée dans son foyer, constitue à cette époque un acte révolutionnaire, mais surtout marque l'effort pour la formation d’une identité collective qui permettra aux femmes de s’affirmer en tant que sujets et de s'exprimer en ce qui concerne la place qui leur est réservée dans la société (Varikas, 1998: 10). 
 
Le Journal des Dames
Le 8 mars 1887 Parrein fonde le Journal des Dames qu’elle dirige et rédige, le premier temps, toute seule, signant sous le pseudonyme d’ «Ève Preinar». Ensuite, elle collabore avec des intellectuelles grecques comme Sappho Léondias, pédagogue, poétesse et collaboratrice de la revue Eurydice, et Catherine Samartsidou, petite fille de l’éditrice de la revue Kypseli[2]
Le but principal du journal est «éveiller la femme, tirer du sommeil le sentiment latent de la force résidant dans son âme, lui rendre le courage et la confiance en soi, étouffés pendant des siècles d’esclavage et de barbarie». Lors de sa parution, le journal obtient un vif succès et vend 7.000 exemplaires dans la ville d’Athènes qui compte à l’époque 65.000 habitants, parmi lesquels un grand nombre d’analphabètes. C’est un succès inespéré. Le journal va continuer son activité longue et influente, sans relâche, pendant trente ans (1887-1917) ayant 5.000 lectrices constantes. Selon Parrein: «Le journal présente des sujets sociaux, scientifiques, politiques, littéraires, pédagogiques, économiques concernant les femmes. Il publie des biographies de femmes importantes, présente l’activité féminine en Europe et en Amérique, invite et encourage les femmes grecques à s’émanciper par le travail digne et honorable» (Ziogou-Karastergiou, 1986: 312).
 Le nouvel élément apporté par ce journal est l’analyse systématique du statut social de la femme, l’élaboration d’un programme de revendications concrètes et le développement d’une stratégie pour la résolution de la question féminine. Ce processus repose sur une hiérarchisation de demandes et sur une politique d’alliances et de collaboration avec des hommes progressistes. D’après Parrein, ces alliances sont indispensables pour la survie du journal dans une société fondée sur l’inégalité des sexes ne favorisant guère le discours politique féminin (Varikas, 1988 : 10). En 1908, le journal devient bimensuel et prend le nom Revue Bimensuelle Encyclopédique pour la Femme. Alors, elle commence à publier des textes, surtout littéraires, écrits par des hommes, mais l’article principal est toujours rédigé par sa directrice et commente tout sujet lié à l’actualité, du point de vue féminin.
Durant sa carrière de journaliste, Parrein rencontre une opposition, parfois dure, de la part des hommes, journalistes et écrivains, qui critiquent sa pensée féministe. Cependant elle résiste et continue sa lutte en s’adressant exclusivement aux femmes, et non aux hommes. Elle écrit au Journal des femmes« La femme grecque doit  faire la lutte pour son développement toute seule, n’attendant pas, à cette étape, l’aide de l’homme. Celui-ci ne s’intéresse pas à l’amélioration de la condition de la femme dans la société et, étant égoïste, ne veut que la soumission de la femme à sa volonté»
Bien que le Journal des Dames fasse souvent l’objet d’ironies et de sarcasmes de la part des hommes conservateurs, il n’est jamais mis à l’écart. Au contraire, il est compté parmi les journaux importants de son temps. Les articles de sa directrice sont souvent republiés dans les journaux quotidiens d’Athènes et provoquent parfois des critiques aiguës. Parrein s’oppose avec courage aux penseurs antiféministes, attaque les hommes politiques et les gouvernements qui ne tiennent pas compte des femmes et ne prennent aucune mesure pour améliorer leur sort du point de vue éducatif et social. 

  La lutte pour le droit à l’instruction et à l’emploi
Parrein se met à la tête du premier mouvement féministe grec qui revendique «l’émancipation de la femme par l’instruction et le travail». Elle considère que l’éducation féminine constitue une grande nécessité nationale parce que si les femmes reçoivent une bonne instruction et la transmettent à leurs enfants, le niveau général du peuple s’en trouvera amélioré et la Grèce deviendra plus forte. Alors, sans contester le rôle social et national de la femme, ni s’éloigner du principe de la mère au foyer, elle lutte avec persévérance pour l’élargissement de l’enseignement élémentaire de jeunes filles, leur accès à l’enseignement secondaire et supérieur, ainsi que l’organisation d’une formation professionnelle efficace, destinée à des couches féminines les plus déshéritées. En s’adressant aux hommes, politiques et pédagogues, elle écrit dans le Journal des Dames: «Vous avez des lycées  parfaits pour les garçons, fondez aussi quelques uns pour les filles. Vous avez une École Polytechnique, des écoles pratiques, des écoles agricoles et industrielles pour les hommes, fondez au moins une école pratique pour les femmes […]. Il est nécessaire que la Grèce prenne soin immédiatement de l’enseignement féminine» (Fournaraki, 1987: 401-403).
Puisque elle considère le travail comme libérateur, elle revendique l’ouverture de tous les emplois aux femmes et soutient leur droit d’exercer les professions pour lesquelles elles sont qualifiées[3]. Mais, toutes ses revendications se heurtent à l’opposition des hommes qui considèrent que la femme doit se consacrer à sa famille, car son identité repose sur les rôles de mère, d’épouse et de maîtresse de maison. De même, ils insistent à différentier l’instruction féminine et limitent son but à la préparation de la femme pour mieux remplir ses devoirs familiaux et domestiques. 
En même temps, Parrein exerce des pressions sur les gouvernements grecs pour l’accès des femmes à l’université. Sa lutte apporte des résultats en 1890, quand la Faculté des Lettres de l’Université d’Athènes accepte la première étudiante, Jeanne Stephanopoli. Quelques années plus tard, les premières étudiantes sont admises à la Faculté de Médecine et à la section des Sciences Naturelles. Or, l’augmentation de la demande d’un enseignement supérieur pose, pour une fois encore, le problème d’amélioration et de modernisation de l’enseignement secondaire féminin. Dans ces conditions, les écoles secondaires privées de jeunes filles se mettent à moderniser leurs programmes d’études et à créer des classes de lycée et des sections professionnelles (Fournaraki,  1987: 56-57). Par conséquent, au début du vingtième siècle, on remarque que le nombre de femmes instruites augmente, plusieurs femmes se distinguent dans les sciences, les arts, la littérature et participent à la lutte pour l’amélioration de la condition féminine.
Cette période marque aussi l’effort de Parrein pour l’organisation de la formation professionnelle en vue de donner aux femmes des classes populaires une instruction morale et intellectuelle et une spécialisation dans les métiers "féminins" et les travaux domestiques: la couture, le tricotage, la broderie, l’art culinaire. Dans ce but, elle fonde, en collaboration avec les rédactrices du Journal des Dames, l’ "École du Dimanche des femmes et des jeunes filles du peuple" (1889) qui a pour ambition de combattre l’analphabétisme féminin, très élevé à cette époque, et de rendre ses élèves «missionnaires de la civilisation». Le programme d’études comprend des cours de lecture, d’écriture, de calcul, d’histoire, de morale, d’économie domestique et d’hygiène (Korassidou, 1993: 153-156).
Influencée par ses voyages à l’étranger et sa collaboration avec le "Conseil International des Femmes", Parrein crée l’ "Union des Femmes Grecques" (1897) et confie sa direction à la pédagogue Catherine Lascaridou[4]. Les années suivantes, l’ Union développe une activité éducative, philanthropique et patriotique considérable, mais aussi elle joue un rôle important à la guerre greco-turque de 1897, en prenant des initiatives dans les domaines de soins médicaux et de solidarité internationale. 
Ensuite, Parrein fonde "L’École Professionnelle des Ménagères" qui a un double but: la section ménagère forme des maîtresses de maison et la section professionnelle des ouvrières et des domestiques (Fournaraki, 1987: 49). Mais, l’association la plus fameuse créée par Parrein est le "Lycée des femmes grecques" (1911) qui a pour mission l’étude de la civilisation grecque moderne et la renaissance, la conservation, la diffusion des coutumes et des traditions. Le Lycée commence son activité dans la période des guerres balkaniques (1912-1913), avec la collection, l’enseignement et la présentation des bals traditionnels et la continue jusqu’à présent comptant 15.000 membres en Grèce et à l’étranger. 
 
L’œuvre philanthropique
C’est à partir de cette époque (fin du 19e siècle) que les femmes des couches moyennes sortent du foyer afin dexercer des activités sociales, comme le fondement des associations philanthropiques pour aider les pauvres, les malades, les sans-logis et la résolution des problèmes d’emploi et de qualification professionnelle des femmes ("Société Philanthropique des Dames", "Association des Femmes pour l’ Éducation Féminine" e.t.c.).
Dans ce contexte, Parrein exerce une activité philanthropique considérable. En 1892, elle crée, avec les rédactrices du Journal des Dames, l’ "Asile des domestiques et des ouvrières", qui a pour but la «protection morale et physique» des femmes issues des milieux populaires. L’Asile accueille les filles pauvres qui arrivent de la province pour chercher un poste de domestique à Athènes, mais aussi celles qui sont au chômage, leur offre un logement, de la nourriture et un poste de travail. Un peu après, elle con-fonde "L’Asile des femmes incurables" (1896) avec Nathalie Soutsou, et puis assume le secrétariat de l’ "Association Patriotique" (1898) (Korassidou, 1993: 151-153).
 
Le «beau féminisme» de Parrein
Parrein voyage souvent à l’étranger pour prendre part à des congrès internationaux. En 1889, elle représente les femmes grecques au congrès de Paris, où préside le philosophe Jules Simon[5], et en 1893 au congrès international de Chicago. Certes, elle reçoit plusieurs influences par les courants féministes étrangers qu’elle adapte à la réalité grecque en évitant les pratiques extrémistes des suffragettes. Alors, elle devient la représentante du «beau féminisme», qui n’exige pas la pleine égalité entre hommes et femmes mais la reconnaissance du rôle social des femmes et l’élargissement de l’espace qui leur est assigné (mariage, famille), pour le bien-être de la société. «Je demande qu’on donne aux femmes grecques les moyens pour devenir de bonnes ménagères, gouverner bien les affaires domestiques et assurer la vie harmonieuse de la famille». Elle insiste à ce féminisme et déclare que la tâche de l’épouse, de la mère et de la maîtresse de maison constitue la plus grande contribution de la femme à la société (Bakalaki & Elegmitou, 1987: 191-198). 
En réalité, elle est en faveur d’un traitement «logique et modéré» de la question féminine et suit «la stratégie de la propagande raisonnable», c’est-à-dire elle est pour une revendication progressive, méthodique et persistante de droits civils, suivie par l’affirmation du développement intellectuel de la femme et lacceptation de son utilité sociale. Évidemment, la femme doit toujours montrer que son émancipation est non seulement dans son propre intérêt, mais aussi dans l’intérêt de la société. Ainsi Parrein agit selon l’ambiance idéologique de la société grecque et les besoins de son temps. Sa revendication principale est l’obtention d’une législation sociale protectrice pour les femmes (Anastassopoulou, 2003: 255-256).
C'est la première femme en Grèce qui touche, en 1890, d’une manière positive mais modérée, la demande-tabou de la concession de droits politiques à la femme. Cette demande est considérée par des hommes, intellectuels et journalistes, comme une nouveauté dangereuse pour la famille et la société. Pour ces raisons, ils la repoussent avec des arguments pris de la biologie, de l’histoire, de la psychologie et de la théologie. Comme l’opinion publique et le monde politique ne sont pas encore prêts à reconnaître l’égalité politique des sexes, celle-ci est renvoyée à un avenir lointain et la politique reste un domaine réservé aux hommes (Samiou, 1989: 167).
Dans ce contexte Parrein estime que la femme grecque n’est pas encore assez «prête» à participer à la vie politique du pays. Elle doit, d’abord, avoir une bonne instruction, développer sa conscience sociale et son esprit critique, acquérir le sens des responsabilités et des devoirs du citoyen. «…L’âme féminine doit être renforcée, son esprit doit être fortifié avec une généreuse dose de jugement, de stabilité, de connaissance du but…» (Anastassopoulou, 2003: 251).  Alors, Parrein est moins sensible à une obtention de droits politiques qu’à une transformation complète de la condition feminine dans le mariage et la famille. Cependant, dans certains articles dans le  Journal des Dames, elle avoue: «…Mais malheureusement sans avoir suffrage et privilèges politiques, notre lutte ne peut avoir de résultat, dans notre pays» (Bakalaki & Elegmitou, 1987: 198-199). On peut constater que sa stratégie est utile et efficace pendant les premières années de la lutte féministe, mais au début du vingtième siècle, où les conditions sociales et économiques changent rapidement[6], cette stratégie se montre dépassée et inefficace. Alors, en 1920, une avant-garde de femmes s’éloigne du conformisme de Parrein, conteste sa pratique et inaugure un féminisme dit «radical» en fondant l’ "Association pour le Droit des Femmes" qui revendique avant tout le droit de vote  (Anastassopoulou, 2003: 261). Dans ces conditions, une année plus tard, pendant le deuxième congrès féminin (1921), Parrein persuade le premier ministre D. Gounaris de plaider en faveur de l’obtention du suffrage féminin, mais, sans succès. Les femmes grecques n’exercent leurs droits politiques qu’aux élections municipales de 1934[7].
En ce qui concerne son idéologie politique, Parrein est royaliste et partisane du roi Constantin I. Durant la période du Schisme National (1914-1917), dans ses articles au Journal des Dames, elle défend la politique du monarque contre la participation de la Grèce à la Première Guerre Mondiale aux côtés de la Triple-Entente. Après l’abdication et le départ de Constantin à l’étranger, le gouvernement de Défense Nationale de E. Venizélos s’installe à Athènes et prend des mesures autoritaires contre les supporters de Constantin.  Alors, Parrein est exilée à Hydra (1917-1918) pour ses idées politiques et le Journal des Dames est fermé après trente ans de présence active dans la vie intellectuelle du pays.
 
 L’activité littéraire
Parrein revendique le droit des femmes de s’occuper de la littérature, contesté par l’écrivain Emmanuel Roïdis. Elle impose sa présence dans la génération littéraire de 1880 et inaugure en Grèce ce qu’on peut appeler «roman féministe». Excepté ses articles publiés dans le Journal des Dames, elle publie des ouvrages consacréà la condition feminine comme: L’histoire de la femme en trois volumes (1889), L’émancipée (1900) traduite en français et présentée dans le Journal de débats (1907), La sorcière (1901), Le nouveau contrat (1902) publié en français dans la Revue littéraire, ainsi que la pièce La femme nouvelle, jouée au théâtre par la grande actrice grecque Marica Kotopouli (1907). 

Mémoire
Elle meurt à Athènes le 16 janvier 1940 sans avoir vu de son vivant le résultat de toutes ses luttes. Avant de mourir, elle reçoit la Croix d’or de l’Ordre du roi Georges II (1936) pour l’ensemble de son œuvre social et philanthropique. Plus tard, l’Académie d’Athènes la décore avec la médaille d’argent de l’Académie d’Athènes et le maire d’Athènes lui dédie une statue dans le premier cimetière de la ville (1992). 


BIBLIOGRAPHIE
Anastassopoulou, M. (2003). Callirrohé Parrein. L’apôtre sage de l’émancipation féminine. La vie et l’œuvre. Athènes: Héliodromio. (En grec).
Avdela, E. & Psarra, A. (1985). Le féminisme en Grèce de l’entre-deux-guerres. Athènes: Gnossi. (En grec).
Bakalaki, A. & Elegmitou, H. (1987). L’éducation domestique et les devoirs féminins (dernier quart du XIXème siècle à 1929). Athènes: Archive historique de la jeunesse grecque. Secrétariat général de la nouvelle génération. (En grec).
Bouillon, J., Sohn, A.-M. & Brunel, F. (1978). 1848/1914 Histoire. Paris: Bordas. 
Fournaraki, H. (1987). Enseignement et éducation des jeunes filles. Problématique grecque (1830-1910). Une anthologie. Athènes: IAEN, Secrétariat général de la nouvelle génération. (En grec).
Korassidou, M. (1993). La « reformation » matérielle et morale des femmes pauvres : Défense contre « la violence » et « la férocité » des déshérités d’Athènes du 19e siècle. Dini, revue féministe, 6 (pp. 145-157). (En grec).
Michel, A. (1979). Le féminisme. Collection « Que sais-je ? ». Paris: Presses universitaires de France.
Riot-Sarcey, M. (2002). Histoire du féminisme. Paris: La Découverte. Repères.
Samiou, D. (1989). Les droits politiques des femmes grecques (1864-1952). Mnimon, 12 (pp. 161-172). (En grec).
Varikas, E. (19962). La révolte des dames: Genèse d’une conscience féministe en Grèce (1833-1907). Athènes: Catarti. (En grec).
Varikas, E. (1998). Un journalisme au service de la « race féminine » – Revues féminines au 19e siècle». Diavazo, 198 (pp. 6-12). (En grec).
Ziogou-Karastergiou, R. (1986). L’enseignement moyen des filles en Grèce (1830-1893). Athènes: IAEN, Secrétariat général de la nouvelle génération. (En grec).
Ziogou, S. (1991). Parrein Callirrohé. Encyclopédie-Dictionnaire Pédagogique Psychologique, vol. 7e, (p. 3769). Athènes: Lettres Helléniques. (En grec). 
Ziogou-Karastergiou, R. (2006). La dimension du sexe dans la théorie pédagogique et la pratique éducative de 1900 à 1930: Argumentation et opposition sur les réformes éducatives de El. Venizélos. Dans: Tzikas, Ch., Questions d’histoire et d’historiographie de l’éducation. Actes d’une journée scientifique (pp. 143-183). Thessalonique: Epikentron. (En grec).



[1]  En Grèce, tout au long du dix-neuvième siècle, il n’existe ni collèges, ni lycées publiques de jeunes filles mais seulement des pensionnats et des écoles privées qui s’adressent surtout aux filles des familles aisées, car les frais de scolarité sont chers. La durée d’études y est plus courte que celle des écoles secondaires de garçons (collèges et lycées) et le programme met l’accent sur le grec ancien (selon l’orientation classique de l’enseignement grec), la musique (surtout le piano), le dessin, les langues étrangères (essentiellement le français) et les travaux artisanaux élaborés. Après trois ou quatre ans d’études les filles n’obtiennent qu’un simple diplôme d’études secondaires qui n’a pas la valeur d’un baccalauréat et ne leur permet pas d’entrer à l’université. D’ailleurs, un petit nombre d’écoles secondaires de filles, dont la plus fameuse est Arsakeion, est reconnu par l’état grec pour former des institutrices. Et ceci constitue le niveau le plus élevé d’instruction auquel les filles ont accès. Les portes de l’université sont fermées malgré la demande pressante de la bourgeoisie qui envoie ses filles à l’étranger pour faire des études universitaires. Cependant, la pratique de l’enseignement féminin satisfait la société grecque de moins à moins et, durant les dernières décennies du dix-neuvième siècle, le besoin de réformes devient de plus en plus évident (Ziogou-Karastergiou, 1986: 104-110, 265-268, 328-338). 
[2] Il y a un grand nombre de revues féminines grecques, publiées surtout dans les régions qui sont encore sous le joug turc, dont les journalistes sont des femmes. La première revue féminine est Kypseli, publiée en 1845 à Constantinople par une des premières pédagogues grecques, Euphrosyne Samartsidou, qui est aussi collaboratrice des revues Athina et Hamonie de Smyrne. La revue Eurydice est publiée en 1871 à Constantinople par Émilie Kténa, sœur de Sappho Léondias. Toutes ces revues donnent la priorité aux articles concernant les problèmes de l’instruction des jeunes filles (Varikas, 1988: 8).
[3] Les seuls métiers féminins reconnus par la société de cette époque sont ceux qui sont basés sur les qualités propres à la femme et liés au rôle de maîtresse de maison et de mère (institutrices, gouvernantes, domestiques, couturières). Le travail des femmes est toujours mal payé et leur salaire est considéré comme «un salaire d’appoint».
[4] Elle introduit en Grèce, en 1880, l’institution des «jardins d' enfants» conçue par le pédagogue allemand Fröbel où des éducatrices professionnelles s’occupent des jeunes enfants en les faisant jouer (Fournaraki, 1987: 51).
[5] C. Parrein est appelée par J. Simon «progressiste modérée», par le poète C. Palamas «conservatrice libérale» et par l’écrivain G. Xénopoulos «chef et apôtre du sage féminisme grec» (Anastassopoulou, 2003: 250).
[6] La révolution de 1909, la prise du pouvoir par la classe bourgeoise et les réformes entreprises par les gouvernements de E. Venizélos permettent la modernisation de la Grèce dans plusieurs domaines. En même temps, on remarque une augmentation de la scolarisation des filles et une participation massive des femmes dans les emplois du secteur des services. La réforme éducative du gouvernement de Venizélos permet l’accès des femmes à tous les niveaux éducatifs, en fondant des Écoles Normales publiques (1914), des écoles secondaires publiques (1917) et l’institution des Écoles Pratiques (1918) (Ziogou-Karastergiou, 2006: 157-159).
[7] En février 1930, le pouvoir politique concède le droit d’élire aux femmes qui sont lettrées et ont plus de trente ans, c’est-à-dire à 9,65 de la population féminine grecque. Le plein droit de vote pour toutes les femmes grecques n’est acquis qu’en 1952 (Samiou,  1989: 169).


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