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Δευτέρα 23 Οκτωβρίου 2023

L’ instruction des femmes en Grèce au 19e siècle

 

Une instruction qui met l’accent sur la préparation des femmes 

pour le rôle d’épouse et de mère

 


 

Bella Marianthi

 

Introduction

Cette enquête a pour but de montrer que l’instruction des femmes est influencée par leur statut social, par les idées dominantes sur la «nature» et la «vocation» féminines, par la perception de l’existence d’une frontière entre espace privé (foyer et vie familiale) réservé à la femme et espace public (travail et vie sociale) réservé à l’homme.

Les caractéristiques différentes des deux genres impliquent l’attribution de rôles, de droits et de devoirs distincts dans la société. La «faiblesse naturelle» de la femme par rapport à l’homme, son rôle dans la perpétuation et la sauvegarde de la race et l’importance donnée à la famille impliquent que la place de la femme est au foyer. Alors, pendant tout le 19e siècle, la femme est assignée à l’entretien de la maison et au soin des enfants, ne prend pas part à la vie sociale et vit du revenu de son époux. Par contre, l’homme est considéré comme un être autonome et indépendant participant activement à la vie sociale, économique et politique du pays. La séparation entre foyer et travail engendre des différences entre hommes et femmes dans plusieurs domaines et influence, à un haut degré, leur instruction. Ainsi, la femme prend une instruction plutôt symbolique visant à sa préparation pour le rôle d’épouse et de mère, tandis que l’instruction de l’homme a un caractère économique et professionnel, constituant un moyen pour la conquête de l’espace public et la création d’un meilleur avenir.  

Le changement de la condition de la femme, l’amélioration et la modernisation de son instruction dépendent du changement des conditions sociales, de l’évolution des mentalités et des revendications féminines. 

 

Les premiers efforts pour l’institution

de l’enseignement féminin

On trouve les premiers efforts pour l’institution de l’enseignement féminin dans le territoire grec, vers la fin du 18e et le début du 19e siècle, dans les îles Ioniennes où l’instruction est reconnue comme un bien nécessaire pour le progrès de la société et l’évolution libérale de la vie politique. L’institution de l’éducation publique y est introduite par les Français Républicains (1797-1798). Un peu plus tard, un système éducatif de trois degrés y est établi, pendant l’occupation britannique (1809-1864). Alors, dans les îles Ioniennes fonctionnent, quelques décennies plus tôt que dans le reste de la Grèce, des écoles mixtes d’enseignement mutuel ainsi que des écoles exclusivement féminines (Leontsinis, 1995: 79-82).    

En 1830, un des premiers devoirs du nouvel état grec indépendant est l’organisation de l’éducation publique, le combat contre les préjugés concernant l’instruction qui survivaient de la période ottomane et la révélation de la nécessité de l'éducation morale et chrétienne des jeunes, garçons et filles. Les savants et les pédagogues grecs défendent l’éducation des jeunes, influencés par les principes des philosophes des Lumières. Cependant, l’Europe des Lumières s’est montrée incapable de surmonter les attitudes patriarcales traditionnelles et d’inclure le genre féminin dans les principes de liberté, d’égalité, de justice, de dignité et des droits individuels. Elle a adopté les anciennes idées sur l’infériorité naturelle et intellectuelle de la femme et a conservé sa condition sociale. Ainsi, la femme, ayant des caractéristiques biologiques et psychologiques différentes de celles de l’homme (nature délicate, raison limitée, sensibilité excessive, nerfs fragiles), se réduit au foyer et joue le rôle d’épouse, de mère, de maîtresse de maison. Donc, son éducation doit viser à la formation de son caractère et de sa morale ainsi qu’à sa préparation pour mieux remplir ses devoirs familiaux et domestiques (Dalacoura, 2007: 225-226).  

Pendant la période du gouverneur Capodistria (1827-1831) l’organisation du système éducatif dans toutes ses dimensions – l’administration, l’environnement matériel, les activités d’apprentissage, les enseignants et les apprenants – préoccupe vivement l’état grec. La politique éducative met l’accent sur l’extension, la généralisation et l'organisation de l’éducation élémentaire avec le fonctionnement des écoles primaires mixtes mutuelles ayant pour but l’éducation nationale, religieuse et sociale des jeunes (Babounis, 1999: 121-123).Ακρόαση

Φωνητική ανάγνωση

  Parallèlement, les savants et les pédagogues grecs défendent le besoin de l’instruction des femmes qui sont responsables du soin des enfants, du bonheur des hommes et du bien-être familial. Ils trouvent nécessaire qu’elles apprennent à lire, à écrire et à obtenir une éducation cultivant les dons que la nature leur a prodigués (Labraki-Paganou, 1988: 63, 88). C’est à cette période que l'enseignement primaire des filles est développé grâce à l’initiative privée et aux activités des missionnaires étrangers. Mais la participation des filles dans les écoles primaires mixtes mutuelles et dans les écoles secondaires reste très faible (Babounis, 1999: 443-445).  

 

L’enseignement primaire

Sous le règne du roi Othon, l’état grec procède à l’institution de tous les degrés de l’éducation publique pour les garçons, mais pour les filles il n’institue que l'enseignement primaire et la formation de l’institutrice, ne prenant aucune mesure pour l’enseignement secondaire. L’article 58 du décret législatif du 6/18 février 1834 qui concerne l’organisation des écoles primaires se réfère à l’éducation des filles en précisant: «Les écoles de filles, lorsque cela est possible, doivent être séparées de celles des garçons et avoir un personnel éducatif féminin». Donc, pour l’application de cet article il faut des bâtiments séparés mais dans les petites communes qui n’ont pas la possibilité de créer et de conserver une deuxième école, les filles vont à la même école que les garçons. Dans le même décret, l’article 2, introduit la différenciation du contenu du programme d’études: «Dans les écoles de filles, les travaux à l’aiguille doivent être élaborés» (Dimaras, 20033: 45- 48). Ainsi, dans les premières écoles mutuelles, on enseigne aux filles pas seulement la lecture, l’écriture et le calcul mais aussi les «arts féminins»: la couture, le tricotage et la broderie c’est-à-dire des matières qui reproduisent les stéréotypes de cette époque et visent à la préparation les filles pour le rôle d’épouse, de maîtresse de maison et de mère.

        Bien que l’enseignement primaire soit obligatoire à partir de 1834, un peu avant la fin du 19e siècle, le pourcentage de fréquentation d’élèves de sexe féminin y reste très faible. D’après le recensement de la population grecque de 1879, l’analphabétisme féminin atteint 93% et dans plusieurs municipalités du pays aucune femme ne sait ni lire ni écrire. Les facteurs qui ne favorisent pas la fréquentation des filles aux écoles primaires sont: l’interdiction de la coéducation des deux sexes, instituée en 1852, le manque d’écoles de filles dans les régions rurales du pays et les préjugés du peuple grec sur les rôles des deux sexes ainsi que sur la nécessité de l’instrucrtion des filles (Ziogou-Karastergiou, 1986: 483-484).

       

L’enseignement secondaire

Le décret du 31 décembre 1836 (12 Janvier 1837) «Sur le règlement de l’enseignement secondaire» ne concerne que les garçons (Dimaras, 20033: 60). Tout au long du 19e siècle, l’état grec ne prend aucune mesure pour la création et le fonctionnement des écoles secondaires pour les filles. Alors, les besoins de celles qui ont l’intention de continuer leurs études après l’école primaire sont satisfaits par l’initiative privée. Durant de nombreuses années, la forme de l’enseignement féminin secondaire qui est reconnue et acceptée par la société et les pédagogues grecs, concerne l’enseignement général «supérieur» des filles des classes privilégiées et la formation des enseignantes du primaire dans les établissements secondaires privés. L’institution qui remplace complètement l’état grec dans le domaine de l’éducation secondaire féminine c’est la «Société des Amis de l’Enseignement»[1].  

Les écoles secondaires privées de filles sont fondées par des particuliers, des municipalités ou des sociétés et ont leur siège dans les grands centres urbains. Comme les frais de scolarité sont chers, elles s’adressent surtout aux filles d’origine bourgeoise. La durée des études varie d’une école à l’autre mais elle reste toujours plus courte que celle des écoles secondaires de garçons qui comprend au total 7 ans (3 ans de collège appelé «École Hellénique» et 4 ans de lycée qui prépare pour les études universitaires). Alors, les écoles secondaires privées de filles ne constituent qu’un prolongement de l’école primaire avec 3 ou 4 classes supérieures (8 ans d’études le maximum). Le programme d’études ne correspond pas à celui des garçons et ne prépare pas les filles à obtenir le baccalauréat mais un simple diplôme de fin d’études qui ne leur permet pas de s’inscrire à l’université. En plus, les heures d’enseignement de mathématiques et du grec sont limitées et l’accent est mis sur des matières telles que la musique (surtout le piano), le dessin, les langues étrangères (essentiellement le français)[2], la broderie et l’économie domestique. Il s’agit d’une instruction plutôt symbolique qui complète la dot des filles et leur permet de jouer le rôle d’ornement social auprès de leur époux. À partir du milieu du 19e siècle, de nombreux pédagogues et intellectuels grecs dénoncent le caractère privé de l’éducation secondaire féminine. Ils remarquent qu’elle est limitée dans les grandes villes et constitue un privilège des filles des classes aisées. Ils demandent alors qu’elle soit généralisée et répandue dans tout le pays et dans toutes les classes sociales (Ziogou-Karastergiou, 1986: 141).

Le premier programme analytique et horaire des écoles secondaires privées de filles, publié en 1893, reflète les idées de l’époque sur l’éducation féminine, qui doit être adaptée à leurs «forces corporelles et mentales» et à leur «vocation naturelle». Les pédagogues soutiennent qu’il n’est pas nécessaire de leur donner une instruction classique et scientifique pareille à celle des garçons parce que le fait d’étudier peut les rendre malades. Vers la fin du 19e siècle, après la demande insistante d’une partie de la société grecque pour l’entrée des femmes à l’enseignement supérieur, plusieurs écoles secondaires privées féminines mettent sur pied de nouveaux programmes d’études et créent des classes de lycée ainsi que des sections professionnelles.

 

Les Écoles Normales d’enseignement primaire

Les Écoles Normales féminines préparent pour le diplôme de l’enseignante du primaire. Cette profession devient de plus en plus souhaitable par les filles de la classe moyenne parce qu’elle offre un bon salaire mensuel donnant à une femme la possibilité de mener une vie modeste, mais indépendante. En plus, c’est le premier métier féminin acceptée et reconnue par la société grecque comme un prolongement de la «nature féminine». Malgré le décret de 1834 qui prévoit la fondation des Écoles Normales pour la formation des instituteurs des deux sexes, l’état grec laisse la formation des institutrices à l’initiative privée et essentiellement à la «Société des Amis de l’Enseignement». Dans son école secondaire, reconnu en 1861 comme École Normale de filles, fréquentent parallèlement les futures enseignantes du primaire et les filles des familles aisées qui ont envie de prendre une éducation générale supérieure à celle de l’école primaire. Le programme d’études est commun pour les deux catégories d’élèves et cela entraîne des conséquences graves sur la formation pédagogique de l’institutrice, comme en témoignent les critiques sévères des inspecteurs des écoles primaires de l’époque. L’extension du droit pour la formation des institutrices (décret du 27 Octobre 1892) à toutes les écoles secondaires privées féminines crée un grand problème social et éducatif car il y a de nombreuses institutrices diplômées au chômage qui essaient de prendre, à  tout prix, le poste de celles qui travaillent. En 1893 l’état grec sépare enfin l’École Normale de l’école secondaire générale et publie les premiers programmes officiels des deux écoles. Cependant, il n’y a aucun changement important dans le cadre institutionnel avant 1914, où l’état grec fonde des Écoles Normales publiques féminines (Ziogou-Karastergiou, 1986 : 161-162, 354).

 

Les études universitaires

Les portes de l’université grecque sont fermées pour les femmes malgré la demande pressante de la bourgeoisie grecque qui envoie ses filles à l’étranger pour faire des études supérieures. En 1890, la Faculté des Lettres de l’Université d’Athènes accepte, enfin, la première étudiante, Jeanne Stephanopoli. Quelques années plus tard, les premières étudiantes entrent à la Faculté de Médecine et à la section des Sciences Naturelles de l’Université d’Athènes. La demande d’un enseignement supérieur pose, pour une fois encore, le problème d’amélioration et de modernisation de l’enseignement secondaire féminin, parce que le diplôme de fin d’études secondaires ne correspond pas au baccalauréat du lycée des garçons. Alors, les filles se présentent aux examens pour le baccalauréat comme candidates libres, après avoir pris des cours particuliers sur plusieurs matières (Fournaraki,  1987: 56-57).  

 

L’enseignement technique et professionnel

Pendant tout le 19e siècle la seule forme d'enseignement technique et professionnel qui existe en Grèce, c’est la spécialisation dans les métiers féminins: la couture, le tricotage, la broderie, l’art culinaire etc. Elle s’adresse surtout aux filles des classes non privilégiées qui ont besoin de travailler pour gagner leur vie. Elle est organisée et développée par les associations féminines de bienfaisance (« Société Philanthropique des Dames»  «Association des Femmes pour l’Éducation Féminine»,  «Union des Femmes Grecques»). Les écoles techniques et professionnelles de cette période visent non seulement à la formation professionnelle, mais aussi à l’instruction générale, la formation morale et chrétienne et au contrôle de la conduite des femmes de la classe ouvrière. En 1897 l’«Union des Femmes Grecques» fonde «L’École Professionnelle pour les Ménagères» qui a un double but: la section ménagère forme des maîtresses de maison et la section professionnelle forme des ouvrières et des domestiques. La même époque, l’inspectrice des écoles primaires Sevasti Kallisperi, diplômée de la Sorbonne, élabore un programme de réforme de l’enseignement féminin qui met l’accent sur l’organisation de l’enseignement professionnel (1897).

En général, les seuls métiers que la femme peut exercer cette époque sont ceux qui sont basés sur les qualités attribuées à la femme et liées au rôle de maîtresse de maison et de mère (enseignantes du primaire, domestiques, couturières, infirmières).

 

Tentatives de réforme

Durant les dernières décennies du 19e siècle, la découverte de l’enfance, la glorification de la maternité et de l’idéal domestique coïncide avec la résurgence de l’affaire nationale et l’irrédentisme. Alors, les pédagogues grecs affirment que l’instruction des femmes est nécessaire et importante parce que c’est la mère qui forme le futur citoyen et soldat qui va lutter pour la réalisation de «la Grande Idée» et répandre la civilisation grecque dans l'Orient (Varikas, 19962: 127-133). Alors, le pédagogue réformateur G.G. Papadopoulos propose l’introduction de l’enseignement de l’histoire grecque moderne et de l’éducation physique dans les écoles féminines pour cultiver la conscience nationale, renforcer le sens patriotique et améliorer la situation physique des femmes grecques. Dans ces conditions, l’éducation féminine commence à avoir un caractère plus fonctionnel (Fournaraki, 1987: 36-37).  

La même période, un petit nombre de femmes, sans contester le rôle social et national de la femme, ni s’éloigner du modèle de l’épouse et de la mère, se mobilise et revendique l’égalité des chances dans l’instruction et de nouvelles perspectives professionnelles pour les femmes. À la tête de ce courant se mettent les intellectuelles et les institutrices célèbres de cette époque (Callirrhoé Parrein, Catherine Laskaridou, Sappho Leontias, Calliope Kehagia). Ainsi, la profession de l’institutrice, considérée d’abord comme un prolongement de la «nature féminine», est enfin transformée, par les femmes elles-mêmes, non seulement en un moyen d’indépendance, mais aussi en un levier qui leur permet d’entrer dans la sphère publique (Varikas, 19962: 242). Particulièrement Callirrhoé Parrein, directrice du Journal des dames,  lutte pendant des années pour l’accès des filles à l’enseignement secondaire, professionnel et universitaire. Elle écrit dans le Journal des dames: «Vous avez des lycées  parfaits pour les garçons, fondez-en pour les filles aussi. Vous avez une École Polytechnique, des lycées pratiques, des écoles agricoles et industrielles pour les hommes, fondez au moins une école pratique pour les femmes […]. Il est nécessaire que la Grèce prenne soin immédiatement de l’éducation des femmes grecques» (Fournaraki, 1987: 401-403).

Les revendications de C. Parrein ne sont pas satisfaites par les hommes politiques qui insistent à la différenciation de l’enseignement secondaire féminin. Alors, dans les projets de loi des ministres de l’Éducation Nationale A. Avgerinos (1880), G. Théotokis (1889) et A. Ephtaxias (1899) apparaît une intention pour l’extension de l’éducation primaire et la fondation des écoles secondaires et des Écoles Normales publiques. Mais le but de l’enseignement des filles continue à être la préparation pour le rôle de mère, d’épouse et de maîtresse de maison et les écoles secondaires publiques n’acceptent que des garçons (Ziogou-Karastergiou, 1986: 287-294).

 

Les nouvelles perspectives au début du 20e siècle

À la fin du 19e siècle il y a deux propositions pour l'enseignement féminin: D’une part celle de l’état et des hommes, intellectuels et pédagogues, qui différencient l’enseignement secondaire des filles en ce qui concerne la durée et les matières enseignées et limitent son but à la préparation uniquement des maîtresses de maison et des mères. D’autre part celle des femmes cultivées qui revendiquent des réformes alignant l’enseignement féminin sur celui des hommes et l’accès des femmes à toutes les professions. La lutte des femmes et la demande des études universitaires aboutissent enfin à l’admission des femmes à l’Université (1890), à l’ouverture de la science à un de plus en plus grand nombre de femmes et à une prise de conscience pour la nécessité de l’amélioration de l'enseignement secondaire féminin.

Dans la première décennie du 20e siècle l’expansion générale de la société, le changement des conditions sociales et l’évolution des mentalités attribuent au changement du statut social de la femme grecque. Dès le début du siècle on remarque une augmentation de la scolarisation des filles et une participation massive dans les emplois du secteur des services. Les employées de bureau, des postes et du téléphone, les vendeuses de magasin contribuent à la légitimation du travail féminin. En même temps apparaissent les premières femmes médecins, professeurs du secondaire, peintres, pharmaciennes. Cependant, le travail féminin est caractérisé par la faible rémunération, l’instabilité, le manque de perspectives et de participation au mouvement syndical. En même temps, les femmes instruites jouent un rôle considérable dans la vie culturelle du pays, en écrivant des livres littéraires, des manuels scolaires, en publiant des articles scientifiques dans la presse et en participant à des associations telles que le «Groupe pour l’Enseignement» et le «Lycée des Femmes Grecques». Alors, elles remettent en question la «vocation naturelle» de la femme ainsi que sa conception uniquement comme mère au foyer et révèlent les capacités intellectuelles féminines (Ziogou-Karastergiou, 2006: 157-158).  

Enfin, la révolution de 1909, la prise du pouvoir par la classe bourgeoise et les réformes entreprises par les gouvernements d’E. Venizélos permettent la modernisation de la Grèce dans plusieurs domaines. Dans la deuxième décennie du 20e siècle, la réforme éducative satisfait les revendications des femmes avec la fondation des Écoles Normales publiques (1914), des écoles techniques (1914), des écoles secondaires publiques (1917) et l’institution des Écoles Pratiques (1918). En 1920, une avant-garde de femmes fonde l’«Association pour le Droit des Femmes» qui revendique le droit de vote et un système scolaire assurant le droit des femmes au travail salarié. La demande pour l’égalité des chances des sexes dans l’éducation est satisfaite par la réforme éducative de 1929 (gouvernement de Venizélos) qui institue des écoles primaires mixtes de six ans, des écoles secondaires mixtes dans la province et séparées (masculines ou féminines) dans les grands centres urbains et unifie les programmes scolaires (la seule différenciation concerne l’économie domestique qui est enseignée seulement dans les écoles de filles).

 

BIBLIOGRAPHIE 

Babounis, Ch. (1999). L’éducation pendant la période Capodistrienne. Organisation administrative et fonctionnement éducatif. Athènes: Association pour la diffusion des livres utiles. (En grec).


Dalacoura, C. (2007). Éducation et conscience féminine dans les communes grecques du territoire ottoman (19e siècle): l’impossible, l’«inutile» et l’«intempestif» d’une auto-détermination féministe. In Ariane, Annuaire scientifique de la Faculté des lettres, tome 13e (pp. 223-238). Réthymnon: Université de Crète. (En grec).


Dimaras, Α. (20033). La réforme qui n’a pas eu lieu, tome 2e, 1895-1967. Athènes: Hestia. (En grec).


Fournaraki, H. (1987). Enseignement et éducation des jeunes filles. Problématique grecque (1830-1910). Une anthologie. Athènes: IAEN, Secrétariat général de la nouvelle génération. (En grec).


Labraki-Paganou, A. (1988). L’éducation des filles grecques pendant la période du roi Othon. Athènes: Faculté des Lettres de l’Université Nationale et Capodistrienne d’Athènes. (En grec).


Leontsinis, G. (1995). Questions d’histoire grecque moderne et d’éducation. Athènes.  (En grec).


Michel, A. (1979). Le féminisme. Paris: Presses Universitaires de France (collection Que sais-je).


Tsoukalas, C. (19875). Dépendance et reproduction. Le rôle social des appareils scolaires en Grèce. Athènes: Themelio. (En grec).


Varikas, H. (19962). La révolte des femmes. Genèse d’une conscience féministe en Grèce (1833-1907). Athènes: Catarti. (En grec).


Ziogou-Karastergiou, R. (1986). L’enseignement moyen des filles en Grèce (1830-1893). Athènes: IAEN, Secrétariat général de la nouvelle génération. (En grec).


Ziogou-Karastergiou, R. (2006). La dimension du sexe dans la théorie pédagogique et la pratique éducative de 1900 à 1930: Argumentation et opposition sur les réformes éducatives d’El. Venizélos. In Tzikas, Ch., Questions d’histoire et d’historiographie de l’éducation. Actes d’une journée scientifique (pp. 143-183). Thessalonique: Epikentron. (En grec).

 

 

 



[1] Fondée à Athènes en 1836 par J. Kokkonis, M. Apostolidis et G. Gennadius, elle commence à fonctionner en 1837 avec la création d’une école primaire et d’une école «supérieure» (secondaire). Son but principal est l’extension de l'éducation primaire des filles et la formation des enseignantes du primaire. Avec le soutien de l’Etat et, dans les premières années de son fonctionnement, de certaines municipalités, mais surtout avec les contributions des bienfaiteurs grecs (A. Arsakis, S. Valettas, M. Rallis, M. Stinis), la Société avec ses écoles appelés « Arsakeia » (maternelle, primaire, secondaire - école normale) qui se trouvent à Athènes, à Patras, à Corfou, offre des services importants dans le domaine de d’instuction des femmes grecques (Labraki-Paganou, 1988: 241-245· Ziogou-Karastergiou, 1986: 79-103).

[2] La connaissance d’une langue étrangère prouve l’éducation européenne des filles de la bourgeoisie aisée. La langue qui est à la mode et domine dans la Méditerranée orientale, cette époque, c’est le français. Alors, avant 1914, elle est enseignée dans toutes les classes de l’école secondaire grecque plus d’heures que le grec moderne, l’histoire et les sciences naturelles (Tsoukalas, 1987: 556).

 

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