par Marianthi Bella
enseignante de FLE
Les
premières années
Elle voit le jour à Platania Amariou de Rethymno en 1861.
Après la révolte des Crétois contre l’Empire Ottomane (1866), qui a été
réprimée dans le sang, sa famille se rend à Athènes où son père, Stylianos
Siganos, devient président du comité des réfugiés Crétois.
Elle reçoit une bonne formation intellectuelle dans les plus fameux pensionnats d’Athènes et
du Pirée. Elle fréquente d’abord l’ «École Sourmeli», ensuite
l’ «École Française de Religieuses» et enfin «Arsakeion», d’où elle
obtient le diplôme d’institutrice (1878), avec la mention “excellent”[1].
Après la fin de ses études elle se rend à Odessa où elle enseigne dans le pensionnat
de jeunes filles de la commune grecque (Ziogou, 1991: 3769).
Vers
un journalisme au service de la cause féministe
De retour à Athènes, elle se marie avec Jean Parrein, journaliste d’origine
franco-anglaise et fondateur de l’ «Agence de presse d’ Athènes». Grâce à lui elle se lie d’amitié avec des journalistes et des intellectuels importants de
son temps et reçoit leur influence. Sa volonté d’être toujours informée sur
toutes les affaires publiques, nationales et internationales la pousse vers
le journalisme. Alors, avec le soutien de son époux, elle crée son propre
journal, le premier hebdomadaire grec élaboré exclusivement par des
femmes et destiné à un lectorat féminin. Son premier but est d’initier les
femmes grecques aux courants d’idées féministes, déjà développés dans les pays
occidentaux, et les mobiliser pour transformer
leur position sociale. Certes, la publication d’un journal féminin dans un
environnement où la plupart des femmes reste confinée dans son foyer, constitue à cette époque un acte révolutionnaire, mais surtout marque l'effort pour la formation
d’une identité collective qui permettra aux femmes de s’affirmer en tant que
sujets et de s'exprimer en ce qui concerne la place qui leur est réservée dans la société
(Varikas, 1998: 10).
Le
Journal des Dames
Le 8 mars 1887 Parrein fonde le Journal des Dames qu’elle
dirige et rédige, le premier temps, toute seule, signant sous le pseudonyme d’
«Ève Preinar». Ensuite, elle collabore avec des intellectuelles grecques comme Sappho Léondias, pédagogue, poétesse et collaboratrice de la revue Eurydice,
et Catherine Samartsidou, petite fille de l’éditrice de la revue Kypseli[2].
Le but principal du journal est «éveiller la femme, tirer du sommeil le
sentiment latent de la force résidant dans son âme, lui rendre le courage et la
confiance en soi, étouffés pendant des siècles d’esclavage et de barbarie».
Lors de sa parution, le journal obtient un vif succès et vend 7.000 exemplaires
dans la ville d’Athènes qui compte à l’époque 65.000 habitants, parmi lesquels
un grand nombre d’analphabètes. C’est un succès inespéré. Le journal va
continuer son activité longue et influente, sans relâche, pendant trente ans
(1887-1917) ayant 5.000 lectrices constantes. Selon Parrein: «Le journal
présente des sujets sociaux, scientifiques, politiques, littéraires,
pédagogiques, économiques concernant les femmes. Il publie des biographies de
femmes importantes, présente l’activité féminine en Europe et en Amérique,
invite et encourage les femmes grecques à s’émanciper par le travail digne et honorable»
(Ziogou-Karastergiou, 1986: 312).
Le nouvel élément apporté par ce journal
est l’analyse systématique du statut social de la femme, l’élaboration d’un
programme de revendications concrètes et le développement d’une stratégie pour
la résolution de la question féminine. Ce processus repose sur une
hiérarchisation de demandes et sur une politique d’alliances et de collaboration avec des hommes progressistes. D’après Parrein, ces alliances sont
indispensables pour la survie du journal dans une société fondée sur
l’inégalité des sexes ne favorisant guère le discours politique féminin
(Varikas, 1988 : 10). En 1908, le journal devient bimensuel et prend le
nom Revue Bimensuelle Encyclopédique pour la Femme. Alors, elle commence
à publier des textes, surtout littéraires, écrits par des hommes, mais
l’article principal est toujours rédigé par sa directrice et commente tout
sujet lié à l’actualité, du point de vue féminin.
Durant sa carrière de journaliste, Parrein rencontre une opposition,
parfois dure, de la part des hommes, journalistes et écrivains, qui critiquent
sa pensée féministe. Cependant elle résiste et continue sa lutte en s’adressant exclusivement aux femmes, et non aux
hommes. Elle écrit au Journal des femmes: « La femme grecque doit faire la lutte pour son
développement toute seule, n’attendant pas, à cette étape, l’aide de l’homme. Celui-ci ne s’intéresse pas à l’amélioration de la condition de la femme dans la
société et, étant égoïste, ne veut que la soumission de la femme à sa volonté».
Bien que le Journal des Dames fasse souvent l’objet d’ironies et de
sarcasmes de la part des hommes conservateurs, il n’est jamais mis à l’écart. Au
contraire, il est compté parmi les journaux importants de son temps. Les
articles de sa directrice sont souvent republiés dans les journaux quotidiens
d’Athènes et provoquent parfois des critiques aiguës. Parrein s’oppose avec
courage aux penseurs antiféministes, attaque les hommes politiques et les
gouvernements qui ne tiennent pas compte des femmes et ne prennent aucune mesure
pour améliorer leur sort du point de vue éducatif et social.
La
lutte pour le droit à l’instruction et à l’emploi
Parrein se met à la tête du premier mouvement féministe grec qui revendique
«l’émancipation de la femme par l’instruction et le travail». Elle
considère que l’éducation féminine constitue une grande nécessité nationale
parce que si les femmes reçoivent une bonne instruction et la transmettent à
leurs enfants, le niveau général du peuple s’en trouvera amélioré et la Grèce
deviendra plus forte. Alors, sans contester le rôle social et national de la
femme, ni s’éloigner du principe de la mère au foyer, elle lutte avec
persévérance pour l’élargissement de l’enseignement élémentaire de jeunes
filles, leur accès à l’enseignement secondaire et supérieur, ainsi que
l’organisation d’une formation professionnelle efficace, destinée à des couches
féminines les plus déshéritées. En s’adressant aux hommes, politiques et pédagogues, elle écrit dans le Journal des Dames: «Vous avez des
lycées parfaits pour les garçons, fondez aussi quelques uns pour les filles. Vous avez une École Polytechnique, des écoles pratiques, des écoles
agricoles et industrielles pour les hommes, fondez au moins une école pratique
pour les femmes […]. Il est nécessaire que la Grèce prenne soin immédiatement
de l’enseignement féminine» (Fournaraki, 1987: 401-403).
Puisque elle considère le travail comme libérateur, elle revendique
l’ouverture de tous les emplois aux femmes et soutient leur droit d’exercer les professions pour lesquelles elles sont qualifiées[3].
Mais, toutes ses revendications se heurtent à l’opposition des hommes qui
considèrent que la femme doit se consacrer à sa famille, car son identité
repose sur les rôles de mère, d’épouse et de maîtresse de maison. De même, ils
insistent à différentier l’instruction féminine et limitent son but à la
préparation de la femme pour mieux remplir ses devoirs familiaux et domestiques.
En même temps, Parrein exerce des pressions sur les gouvernements grecs
pour l’accès des femmes à l’université. Sa lutte apporte des résultats en
1890, quand la Faculté des Lettres de l’Université d’Athènes accepte la première
étudiante, Jeanne Stephanopoli. Quelques années plus tard, les premières
étudiantes sont admises à la Faculté de Médecine et à la section des Sciences
Naturelles. Or, l’augmentation de la demande d’un enseignement supérieur pose,
pour une fois encore, le problème d’amélioration et de modernisation de
l’enseignement secondaire féminin. Dans ces conditions, les écoles secondaires
privées de jeunes filles se mettent à moderniser leurs programmes d’études et à
créer des classes de lycée et des sections professionnelles (Fournaraki,
1987: 56-57). Par conséquent, au début du vingtième siècle, on remarque que le nombre de femmes instruites augmente, plusieurs femmes se distinguent dans les sciences,
les arts, la littérature et participent à la lutte pour l’amélioration de la
condition féminine.
Cette période marque aussi l’effort de Parrein pour l’organisation de la
formation professionnelle en vue de donner aux femmes des classes populaires une instruction morale et intellectuelle et une spécialisation dans les métiers "féminins" et les travaux domestiques: la couture, le tricotage, la broderie,
l’art culinaire. Dans ce but, elle fonde, en collaboration avec les rédactrices
du Journal des Dames, l’ "École du Dimanche des femmes et des jeunes
filles du peuple" (1889) qui a pour ambition de combattre l’analphabétisme féminin, très élevé à cette époque, et de rendre ses élèves «missionnaires de la civilisation». Le programme d’études comprend des cours de
lecture, d’écriture, de calcul, d’histoire, de morale, d’économie domestique et
d’hygiène (Korassidou, 1993: 153-156).
Influencée
par ses voyages à l’étranger et sa collaboration avec le "Conseil
International des Femmes", Parrein crée l’ "Union des Femmes Grecques" (1897) et confie sa direction à la pédagogue Catherine
Lascaridou[4].
Les années suivantes, l’ Union développe une activité éducative,
philanthropique et patriotique considérable, mais aussi elle joue un rôle important
à la guerre greco-turque de 1897, en prenant des initiatives dans les
domaines de soins médicaux et de solidarité internationale.
Ensuite, Parrein
fonde "L’École Professionnelle des Ménagères" qui a un double but: la section
ménagère forme des maîtresses de maison et la section professionnelle des
ouvrières et des domestiques (Fournaraki, 1987: 49). Mais, l’association la plus fameuse créée par Parrein est le "Lycée des
femmes grecques" (1911) qui a pour mission l’étude de la civilisation grecque
moderne et la renaissance, la conservation, la diffusion des coutumes et des
traditions. Le Lycée commence son activité dans la période des guerres
balkaniques (1912-1913), avec la collection, l’enseignement et la présentation
des bals traditionnels et la continue jusqu’à présent comptant 15.000 membres
en Grèce et à l’étranger.
L’œuvre
philanthropique
C’est à partir de cette époque (fin du 19e siècle) que les femmes des couches moyennes sortent
du foyer afin d’exercer des activités sociales, comme le fondement des associations philanthropiques
pour aider les pauvres, les malades, les sans-logis et la résolution des problèmes d’emploi et de qualification professionnelle des femmes ("Société
Philanthropique des Dames", "Association des Femmes pour l’ Éducation
Féminine" e.t.c.).
Dans ce contexte, Parrein exerce une activité philanthropique considérable.
En 1892, elle crée, avec les rédactrices du Journal des Dames,
l’ "Asile des domestiques et des ouvrières", qui a pour but la «protection
morale et physique» des femmes issues des milieux populaires.
L’Asile accueille les filles pauvres qui arrivent de la province pour
chercher un poste de domestique à Athènes, mais aussi celles qui sont au
chômage, leur offre un logement, de la nourriture et un poste de travail.
Un peu après, elle con-fonde "L’Asile des femmes incurables" (1896) avec
Nathalie Soutsou, et puis assume le secrétariat de l’ "Association Patriotique" (1898) (Korassidou, 1993: 151-153).
Le «beau féminisme» de Parrein
Parrein voyage souvent à l’étranger pour prendre part à des congrès
internationaux. En 1889, elle représente les femmes grecques au congrès de
Paris, où préside le philosophe Jules Simon[5],
et en 1893 au congrès international de Chicago. Certes, elle reçoit plusieurs
influences par les courants féministes étrangers qu’elle adapte à la réalité
grecque en évitant les pratiques extrémistes des suffragettes. Alors, elle
devient la représentante du «beau féminisme», qui n’exige pas la pleine égalité entre hommes et femmes mais la reconnaissance du rôle social des femmes et
l’élargissement de l’espace qui leur est assigné (mariage, famille), pour le
bien-être de la société. «Je demande qu’on donne aux femmes grecques les
moyens pour devenir de bonnes ménagères, gouverner bien les affaires
domestiques et assurer la vie harmonieuse de la famille». Elle insiste à ce féminisme et déclare que la tâche de l’épouse, de la mère et de la maîtresse de
maison constitue la plus grande contribution de la femme à la
société (Bakalaki & Elegmitou, 1987: 191-198).
En réalité, elle est en
faveur d’un traitement «logique et modéré» de la question féminine et
suit «la stratégie de la propagande raisonnable», c’est-à-dire elle est
pour une revendication progressive, méthodique et persistante de droits civils, suivie par
l’affirmation du développement intellectuel de la femme et l’acceptation de son utilité
sociale. Évidemment, la femme doit toujours montrer que son émancipation est
non seulement dans son propre intérêt, mais aussi dans l’intérêt de la société. Ainsi Parrein agit selon l’ambiance idéologique de la société grecque et les besoins de son temps. Sa revendication principale est l’obtention d’une
législation sociale protectrice pour les femmes (Anastassopoulou, 2003:
255-256).
C'est la première femme en Grèce qui touche, en 1890, d’une manière positive
mais modérée, la demande-tabou de la concession de droits politiques à la femme. Cette demande est considérée par des hommes, intellectuels et journalistes, comme
une nouveauté dangereuse pour la famille et la société. Pour ces raisons, ils la repoussent avec des arguments pris de la biologie, de
l’histoire, de la psychologie et de la théologie. Comme l’opinion publique et
le monde politique ne sont pas encore prêts à reconnaître l’égalité politique
des sexes, celle-ci est renvoyée à un avenir lointain et la politique reste un
domaine réservé aux hommes (Samiou, 1989: 167).
Dans ce contexte Parrein estime que la femme grecque n’est pas encore assez «prête»
à participer à la vie politique du pays. Elle doit, d’abord, avoir une
bonne instruction, développer sa conscience sociale et son esprit critique,
acquérir le sens des responsabilités et des devoirs du citoyen. «…L’âme
féminine doit être renforcée, son esprit doit être fortifié avec une généreuse
dose de jugement, de stabilité, de connaissance du but…» (Anastassopoulou,
2003: 251). Alors, Parrein est moins sensible à une obtention de
droits politiques qu’à une transformation complète de la condition feminine dans le mariage et la famille. Cependant, dans certains articles dans le Journal
des Dames, elle avoue: «…Mais malheureusement sans avoir suffrage et privilèges
politiques, notre lutte ne peut avoir de résultat, dans notre pays»
(Bakalaki & Elegmitou, 1987: 198-199). On peut constater que sa stratégie est utile et efficace
pendant les premières années de la lutte féministe, mais au début du vingtième
siècle, où les conditions sociales et économiques changent rapidement[6],
cette stratégie se montre dépassée et inefficace. Alors, en 1920, une
avant-garde de femmes s’éloigne du conformisme de Parrein, conteste sa pratique
et inaugure un féminisme dit «radical» en fondant l’ "Association pour le Droit
des Femmes" qui revendique avant tout le droit de vote (Anastassopoulou, 2003: 261). Dans ces conditions, une année plus tard, pendant le
deuxième congrès féminin (1921), Parrein persuade le premier ministre D.
Gounaris de plaider en faveur de l’obtention du suffrage féminin, mais, sans succès. Les
femmes grecques n’exercent leurs droits politiques qu’aux élections municipales
de 1934[7].
En ce qui concerne son idéologie politique, Parrein est royaliste et
partisane du roi Constantin I. Durant la période du Schisme National (1914-1917), dans ses
articles au Journal des Dames, elle défend la politique du monarque
contre la participation de la Grèce à la Première Guerre Mondiale aux côtés de la
Triple-Entente. Après l’abdication et le départ de Constantin à l’étranger, le
gouvernement de Défense Nationale de E. Venizélos s’installe à Athènes et prend
des mesures autoritaires contre les supporters de Constantin. Alors,
Parrein est exilée à Hydra (1917-1918) pour ses idées politiques et le Journal
des Dames est fermé après trente ans de présence active dans la vie
intellectuelle du pays.
L’activité littéraire
Parrein revendique le droit des femmes de s’occuper de la littérature,
contesté par l’écrivain Emmanuel Roïdis. Elle impose sa présence dans la
génération littéraire de 1880 et inaugure en Grèce ce qu’on peut appeler «roman
féministe». Excepté ses articles publiés dans le Journal des Dames, elle publie des ouvrages consacrés à la condition feminine comme: L’histoire de la femme en trois volumes (1889), L’émancipée (1900) traduite en français et présentée dans le Journal de débats (1907), La
sorcière (1901), Le nouveau contrat (1902) publié en français dans
la Revue littéraire, ainsi que la pièce La femme nouvelle, jouée
au théâtre par la grande actrice grecque Marica Kotopouli (1907).
Mémoire
Elle meurt à Athènes le 16 janvier 1940 sans avoir vu de son vivant le
résultat de toutes ses luttes. Avant de mourir, elle reçoit la Croix d’or de
l’Ordre du roi Georges II (1936) pour l’ensemble de son œuvre social et philanthropique. Plus tard,
l’Académie d’Athènes la décore avec la médaille d’argent de l’Académie
d’Athènes et le maire d’Athènes lui dédie une statue dans le premier cimetière
de la ville (1992).
BIBLIOGRAPHIE
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éducatives de El. Venizélos. Dans: Tzikas, Ch., Questions d’histoire et
d’historiographie de l’éducation. Actes d’une journée scientifique (pp.
143-183). Thessalonique: Epikentron. (En grec).
[1]
En Grèce, tout au long du dix-neuvième siècle, il n’existe ni collèges, ni
lycées publiques de jeunes filles mais seulement des pensionnats et des écoles
privées qui s’adressent surtout aux filles des familles aisées, car les frais
de scolarité sont chers. La durée d’études y est plus courte que celle des
écoles secondaires de garçons (collèges et lycées) et le programme met l’accent
sur le grec ancien (selon l’orientation classique de l’enseignement grec), la
musique (surtout le piano), le dessin, les langues étrangères (essentiellement
le français) et les travaux artisanaux élaborés. Après trois ou quatre ans
d’études les filles n’obtiennent qu’un simple diplôme d’études secondaires
qui n’a pas la valeur d’un baccalauréat et ne leur permet pas d’entrer à
l’université. D’ailleurs, un petit nombre d’écoles secondaires de filles, dont
la plus fameuse est Arsakeion, est reconnu par l’état grec pour former des
institutrices. Et ceci constitue le niveau le plus élevé d’instruction auquel les
filles ont accès. Les portes de l’université sont fermées malgré la demande
pressante de la bourgeoisie qui envoie ses filles à l’étranger pour faire des
études universitaires. Cependant, la pratique de l’enseignement féminin
satisfait la société grecque de moins à moins et, durant les dernières décennies du dix-neuvième
siècle, le besoin de réformes devient de plus en plus évident (Ziogou-Karastergiou, 1986: 104-110, 265-268, 328-338).
[2] Il y a un
grand nombre de revues féminines grecques, publiées surtout dans les régions
qui sont encore sous le joug turc, dont les journalistes sont des femmes. La
première revue féminine est Kypseli, publiée en 1845 à Constantinople
par une des premières pédagogues grecques, Euphrosyne Samartsidou, qui est
aussi collaboratrice des revues Athina et Hamonie de Smyrne. La
revue Eurydice est publiée en 1871 à Constantinople par Émilie Kténa,
sœur de Sappho Léondias. Toutes ces revues donnent la priorité aux articles
concernant les problèmes de l’instruction des jeunes filles (Varikas, 1988: 8).
[3] Les seuls
métiers féminins reconnus par la société de cette époque sont ceux qui sont
basés sur les qualités propres à la femme et liés au rôle de maîtresse de
maison et de mère (institutrices, gouvernantes, domestiques, couturières). Le
travail des femmes est toujours mal payé et leur salaire est considéré comme
«un salaire d’appoint».
[4] Elle
introduit en Grèce, en 1880, l’institution des «jardins d' enfants» conçue par
le pédagogue allemand Fröbel où des éducatrices professionnelles s’occupent des
jeunes enfants en les faisant jouer (Fournaraki, 1987: 51).
[5] C. Parrein
est appelée par J. Simon «progressiste modérée», par le poète C. Palamas
«conservatrice libérale» et par l’écrivain G. Xénopoulos «chef et apôtre du
sage féminisme grec» (Anastassopoulou, 2003: 250).
[6] La
révolution de 1909, la prise du pouvoir par la classe bourgeoise et les
réformes entreprises par les gouvernements de E. Venizélos permettent la
modernisation de la Grèce dans plusieurs domaines. En même temps, on remarque
une augmentation de la scolarisation des filles et une participation massive
des femmes dans les emplois du secteur des services. La réforme éducative du
gouvernement de Venizélos permet l’accès des femmes à tous les niveaux
éducatifs, en fondant des Écoles Normales publiques (1914), des écoles
secondaires publiques (1917) et l’institution des Écoles Pratiques (1918)
(Ziogou-Karastergiou, 2006: 157-159).
[7] En
février 1930, le pouvoir politique concède le droit d’élire aux femmes qui sont
lettrées et ont plus de trente ans, c’est-à-dire à 9,65 de la population
féminine grecque. Le plein droit de vote pour toutes les femmes grecques n’est acquis
qu’en 1952 (Samiou, 1989: 169).
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