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La jeunesse et les premières
influences
Delmouzos voit
le jour le 31 décembre 1880 à Amfissa dans une famille aisée, nombreuse et unie
et passe une enfance si heureuse dont il se souvient avec émotion tout au long
de sa vie. Il fait des études primaires et secondaires dans sa ville natale et à
seize ans il s’installe à Athènes et s’inscrit à
Après
avoir obtenu son diplôme, il part en Allemagne pour faire des études
post-universitaires. Il va d’abord à l’université de Leibniz (1905) où il
étudie une nouvelle science, la psychologie physiologique de Wundt. Cependant, il
ne fait pas d’études systématiques car il affronte de grandes difficultés que
lui-même attribue à sa fatigue intellectuelle due « au chargement tyrannique »
de l’université grecque et au manque « d’une formation supérieure solide ».
Ensuite, il suit des cours de pédagogie à l’université d’Iéna (1906-1907) où domine
le disciple d’Herbart W. Rein qui a élaboré et amélioré la méthode
herbartienne, déjà connue et appliquée en Grèce. C’est à Iéna que Delmouzos
fait la connaissance de Georges Skliros (premier sociologue grec et historien
de l’école marxiste) dont il subit l’influence. Pendant leurs conversations Skliros
l’introduit à la conception matérialiste
de l’histoire selon laquelle les événements historiques sont la
résultante des conditions économiques et sociales, en particulier des rapports
entre les classes sociales. Le livre de Skliros Notre affaire sociale est pour Delmouzos « une révélation »,
un nouveau regard pour l’analyse et l’explication de l’histoire grecque ancienne
et moderne. Mais, étant toujours idéaliste et humaniste, il va, quelque temps
après, contester les principes de Skliros et exprimer son opposition à la
théorie et à la pratique du marxisme. « Comme je continuais à faire des
études plus spéciales, je voyais que l’école constituait l’unique levier pour
le développement d’une nouvelle génération et d’un nouveau pays. Cette
conviction a commencé à affaiblir quand j’ai connu Skliros en Allemagne qui me
poussait à considérer l’éducation comme une annexe, un élément composant qui
suit l’évolution sociale en boitant, sans jamais précéder. Mais, après le
premier enthousiasme, enrichi par les nouvelles idées mais lucide, je voyais
que l’école, malgré sa liaison étroite avec les conditions sociales, est un
facteur élémentaire pour le progrès d’un pays » (Delmouzos, 1952: 443). Avant
de rentrer en Grèce, il voyage à Constantinople pour connaître l’auteur
Photiadis dont le livre lui a permis de prendre conscience de la nécessité
d’une éducation purement « nationale et humaniste » reposant sur la
réalité néohellénique moderne, la langue démotique et la tradition vivante du
peuple. Il rentre à Athènes en mars 1907 et publie dans le journal Acropolis ses premiers articles sur la
valeur éducative de la langue démotique (Papanoutsos,
19842: 32-36, 39-40).
L’École Municipale Supérieure
de Jeunes Filles de Volos (1908-1911)
De son retour en Grèce, Delmouzos fait la
connaissance du médecin D. Saratsis qui le persuade d’entreprendre la direction
d’une école privée d’enseignement secondaire de jeunes filles à Volos. En
septembre 1908, Saratsis a proposé et le conseil municipal de la ville a
approuvé la fondation de cette école, afin de satisfaire les besoins d’instruction
des jeunes filles, issues des familles bourgeoises, à une époque où il n’existait
pas d’écoles publiques secondaires féminines. L’école comprend seulement trois
classes et a pour but de donner à ses élèves une instruction « supérieure »
à celle de l’école primaire. Delmouzos travaille avec dévouement et enthousiasme
et inaugure une nouvelle pédagogie qui est, d’ailleurs, liée aux propositions
de réforme que « L’Association pour l’Enseignement » (Εκπαιδευτικός Όμιλος)[3]
est en train d’élaborer. L’enseignement commence par la réalité néohellénique
moderne « parce que seulement celle-ci pouvait être la base pour
l’instruction de nos enfants. C’est-à-dire leur âme, leur vie que l’école
primaire n’a ni examinée, ni explorée mais le pire: elle l’a totalement méprisée.
C’est celle-ci qui offrait le matériel vivant de l’enseignement qui susciterait
aussitôt leur intérêt » (Delmouzos, 1950: 30). En effet, le programme des
cours est novateur en le comparant avec les programmes datant de la même époque
et reflète les idéaux bourgeois concernant l’enseignement (la transmission des
connaissances utiles, substantielles, positives et l’apprentissage de la vie
sociale). Les heures d’enseignement du grec ancien sont limitées (les textes
des auteurs anciens sont enseignés par des traductions) et l’accent est mis sur
l’enseignement des langues vivantes (la démotique et le français), de la
littérature grecque moderne et des sciences naturelles. Le programme attache
une importance égale à des matières techniques et pratiques telles que le
jardinage, la broderie, la couture, l’hygiène, la propreté de la maison visant
à la préparation des jeunes filles pour leurs futurs devoirs domestiques et
familiaux. Delmouzos enseigne lui-même les matières principales et s’efforce de
cultiver l’initiative de ses élèves dans leurs apprentissages, développer leur esprit
critique, favoriser la discussion ouverte et leur expression vive et précise en
langue démotique. En outre, dans le but de faciliter leur contact avec la
nature tout en stimulant leurs forces psychiques et corporelles, il organise
des promenades et des activités diverses en plein air (Charitos, 1989).
Cependant,
les conflits politiques et idéologiques de cette période pour la question de la
langue placent l’activité pédagogique de Delmouzos dans le centre des
événements. Les innovations mises en œuvre à l’école de Volos provoquent la
vive réaction des partisans de la catharévoussa et de l’éducation
traditionnelle qui trouvent un terrain d’expression dans le journal local conservateur
«Héraut» (Κήρυξ). Delmouzos
et les responsables de l’école sont accusés d’athéisme et d’immoralité et par
la suite une manifestation populaire est organisée pour la suppression
immédiate de l’école pendant laquelle l’établissement scolaire et la maison de
Delmouzos sont attaqués. Ces événements, appelés «Athéiques de Volos» (Αθεϊκά του Βόλου), entraînent la fermeture de l’école (le
2 mars 1911) et les déboires juridiques du directeur et du personnel enseignant.
Ils aboutissent au procès de Nauplie (1914) qui reconnaît enfin leur innocence
(Charitos, 1989).
L’école de Volos est une école-modèle, indépendante
de l’église et de l’état, où des réformes sont apportées dans le coeur du plus
grand problème du système éducatif grec, l’enseignement de jeunes filles. Son
fonctionnement constitue une étape considérable dans l’histoire de l’éducation
néohellénique.
Les efforts pour la réforme
de l’éducation (1912-1920)
La victoire du parti libéral de Venizélos aux
élections de 1910 marque un tournant important dans la vie sociale, politique,
économique et culturelle du pays. Les gouvernements venizélistes procèdent à une
série de réformes pour le redressement et la modernisation de
En 1912, l’Association adresse au ministère de l’Éducation
un mémoire avec ses propositions pour la réforme des programmes de l’école
primaire, de l’école secondaire des jeunes filles et de l’école normale d’enseignement
primaire des jeunes filles. Delmouzos rédige le chapitre concernant
l’enseignement de jeunes filles où il expose presque tout le programme de
l’école de Volos. En 1913, il participe à l’élaboration des projets de loi du
ministre de l’Éducation J. Tsirimokos qui reflètent l’idée purement bourgeoise de
la transformation de l’école en facteur du progrès économique et de son
orientation vers la réalité moderne. Néanmoins, ces projets de loi ne sont pas
votés par le parlement à cause de la réaction d’une partie conservatrice de la société,
mais finalement quelques mesures innovatrices sont prises, notamment pour
l’école primaire. En 1916, un « Comité de l’éducation », composé de Glinos,
Delmouzos et Triantaphyllidis, est créé dans le but de poursuivre et organiser
les efforts pour le renouveau éducatif. Pendant la période 1917-1920, le
gouvernement venizéliste réalise une réforme de l’enseignement qui d’une part vise
à la réorganisation de l’école et d’autre part tend à l’adoption de la langue démotique
tout au moins à l’école primaire qui constitue la base du système éducatif[4].
Le « triumvirat de la réforme » entreprend des tâches au sommet de
l’hiérarchie éducative: Glinos est nommé Secrétaire général du ministère de l’Éducation,
Delmouzos et Triantaphyllidis inspecteurs en chef du primaire, responsables
pour la mise en œuvre des mesures réformatrices et l’inspection de tout
l’enseignement primaire. Par ces postes supérieurs, ils organisent des
colloques et des séminaires pédagogiques dans toutes les villes afin de
convaincre les enseignants pour la nécessité et l’urgence des réformes, les
préparer à enseigner la langue démotique et la littérature grecque moderne et les
initier aux principes du courant de l’Éducation Nouvelle et aux théories
sociologiques modernes. Pourtant, la réforme suscite une violente réaction née
d’une double origine. En premier lieu, le parti royaliste la combat parce
qu’elle est créée par le parti libéral et apporte un esprit démocratique dans
l’école. En second lieu, la réforme se heurte à l’opposition des humanistes
conservateurs, partisans de la catharévoussa, qui ne peuvent pas comprendre la
nécessité de l’adaptation de l’école aux besoins de la société et accusent les réformateurs
de diffusion des idées bolcheviques (Glinos & Kougeas, 1927: 161-165· Fragoudaki, 19864: 27-34).
La défaite de
Venizélos aux élections de Novembre 1920
et l’accession des royalistes au pouvoir marquent le revirement de la
politique éducative. Bien entendu, le lendemain des élections les agents de la
réforme (Delmouzos, Glinos, Triantaphyllidis) abdiquent de leurs postes au
ministère de l’Éducation. Dans un climat de fanatisme politique
et idéologique les conservateurs imposent le rejet de la langue démotique, la
suppression des livres de la réforme et leur remplacement immédiat
par ceux approuvés par l’état avant 1917. Delmouzos,
déçu de l’interruption soudaine et inattendue de son travail réformateur, quitte
Les événements de l’École normale
d’enseignement primaire Marasleios
Après les désastres en Asie Mineure (septembre
1922), le gouvernement révolutionnaire renverse le régime monarchique et exile
le roi Constantin. Alors, les libéraux reviennent au pouvoir et la politique
éducative passe à nouveau entre les mains des rénovateurs qui remettent en vigueur
toutes les lois de la réforme de 1917-1920[5].
Delmouzos
rentre en Grèce en mars 1923 et reprend le poste de l’inspecteur en chef du
primaire avec Triantaphyllidis, alors que Glinos devient conseiller pédagogique
du ministère de l’Éducation. Ils commencent alors, tous ensemble, un nouvel
effort pour la modernisation de l’éducation. Après l’expérience récente du
renversement de leur œuvre réformatrice, ils sont convaincus que la réforme ne
peut être réalisée par une simple mise en œuvre des réglementations
législatives mais, il est absolument nécessaire d’éclairer les enseignants, de leur
inspirer une autre mentalité éducative, les initier aux principes du « Démoticisme
éducatif » pour qu’ils embrassent avec enthousiasme la réforme et la
soutiennent dans les écoles (Fragoudaki 19864 : 72).
En 1923, Delmouzos est nommé directeur de l’école
normale d’enseignement primaire à l’édifice Marasleios « pour former
des individus vivants meilleurs que ceux de notre génération et pour créer, au
fil du temps, une école basée sur la réalité moderne, sur notre vie. La langue démotique
est une condition indispensable pour toute activité instructive … » (Dimaras 20033: 138). Par
son nouveau poste, il travaille avec méthode et persévérance et parvient à apporter
un nouvel esprit, des méthodes d’enseignement novatrices et particulièrement une
nouvelle conception pour la vie de l’école en mettant en pratique l’institution
de la coopérative scolaire. Il collabore étroitement avec Glinos, directeur de
l’Académie Pédagogique, à laquelle « Marasleios » est attachée comme école
normale expérimentale[6].
Cependant, la crise sociale et politique de cette
période influence profondément le travail créatif de Delmouzos. Un peu avant la
dictature de Pangalos (1925) un grand scandale éclate, connu sous le nom
d’« événements de Marasleios », qui suscite un grand nombre de dénonciations,
de rapports, d’interrogatoires et de poursuites judiciaires. Delmouzos est
accusé de suppression du cours de morale, de diffusion des théories
matérialistes pendant le cours d’histoire, d’immoralité, d’enseignement dangereux,
antipatriotique et antireligieux. Alors, il est écarté de la direction de l’école normale (1926)
et pour une fois encore une œuvre de grande importance éducative et nationale
est interrompue. Cette affaire s’achève en 1926, par l’arrêt du
conseiller à la cour de cassation G. Antonakakis[7] qui innocente et réhabilite
définitivement Delmouzos (Dimaras 20033: 145-147· Fragoudaki 19864:
72-73).
En mars 1927, Delmouzos se heurte à son vieil ami
et collaborateur Glinos pour le but et le caractère de l’ « Association
pour l’enseignement ». Dans les dernières assemblées générales de
l’Association (février-mars 1927), il défend sa neutralité politique, le
caractère national de l’école qui doit être placée en dehors et au-dessus des
partis politiques et s’oppose à l’orientation socialiste que prend l’Association
sous l’influence des socialistes. Étant le chef de la minorité il s’en retire
et cela entraîne la disjonction et enfin à la dissolution de l’Association
historique (Noutsos, 1990: 213-228).
L’activité universitaire
En 1928, Delmouzos est élu professeur
de pédagogie à
Après le putsch
de 1935, il est renvoyé provisoirement mais par la suite il est nommé de
nouveau professeur de l’université (février 1936). Pendant la dictature de
Metaxas, instaurée en 1936, il défend avec courage le mouvement démoticiste et
la réforme éducative de 1929 attaqués par le ministre de l’Éducation K. Georgacopoulos.
Finalement, en septembre 1937, il soumet sa démission parce que dans ces
conditions, il lui est impossible de continuer son travail à l’université (Noutsos,
1991: 55).
Les dernières années
De 1937 jusqu’à sa mort en 1956, Delmouzos
n’arrête pas de poursuivre la politique éducative, de publier des articles à la
presse et des livres, de donner des conférences, de s’intéresser à des
institutions telles que
Il nous a laissé
plusieurs écrits, dans lesquels il analyse ses principes et expose ses réalisations
pédagogiques, dont les plus importants sont: Vers la renaissance éducative (Bulletin
de l’Association pour l’Enseignement, 1917-1919), Marasleios et Vie (1925), Démoticisme
et Éducation (1926), Les premiers
efforts à Marasleios (1930), Le
problème de
La pédagogie de Delmouzos
Pour pouvoir comprendre et expliquer l’activité et
l’œuvre pédagogique de Delmouzos, il faut les séparer, toutes les deux, en trois
périodes. La première commence le moment où il adhère au mouvement démoticiste
sous l’influence des idées de Ph. Photiadis et arrive presque jusqu’en 1922. Durant
ces années, il pense qu’il est nécessaire que l’éducation soit basée sur la réalité
néohellénique moderne. D’après lui, le terme « réalité »
signifie : a) le monde moderne linguistique, historique et littéraire formé
par la nation tout entière pendant son évolution historique b) le monde naturel
qui, excepté les éléments qui sont communs dans tous les pays du monde, a des caractéristiques
et des qualités particuliers c) la société moderne avec ses besoins et sa
psychologie, formés par des facteurs historiques, climatologiques,
géographiques et d’autres et d) l’individu qui vit dans cette société et, spécialement
pour l’école, l’enfant grec avec sa propre psychologie et son propre caractère.
La réalisation de ce projet, qui exprime, par ailleurs, le programme et
l’idéologie du « Démoticisme éducatif », est mise en oeuvre d’abord
dans l’école de Volos. Cependant, elle présuppose notamment un « travail
positif » dans l’état grec. Le chemin vers la « renaissance éducative »
passe par l’état, pour que la « question de la langue », qui
constitue la racine du mal, soit résolue. Delmouzos travaille, par le poste de
l’Inspecteur en chef du primaire, d’une manière intensive pour cette nouvelle
idéologie et philosophie.
La deuxième période commence avec son séjour à
Munich (1921-23) et se prolonge jusqu’à la disjonction de l’ « Association
pour l’enseignement » (1927). Dans ses lettres inédites adressées à
Glinos, Delmouzos avoue que l’imposition de la réforme « éduco-linguistique »
de 1917-20 par l’état s’oppose à l’idée de la morale. Il estime donc que cette
réforme doit être appliquée seulement dans une ou deux écoles pour donner des
résultats. De son retour en Grèce, il se consacre de tout son cœur «à l’activité
scolaire directe et à l’enfant ». À l’école normale d’enseignement
primaire « Marasleios » il met en œuvre les principes pédagogiques de
l’École du travail et parallèlement lance l’idée d’une éducation nationale
placée au-dessus des partis politiques. Son livre « Démoticisme et Éducation »
(1926) annonce son désaccord définitif avec les socialistes et les communistes
dans et hors de l’Association. Pour Delmouzos « une éducation nationale ne
signifie pas seulement cultiver d’une manière systématique les éléments vivants
et féconds de notre civilisation mais aussi connaître nous-mêmes, connaître
notre pays et l’aimer, travailler pour le profit de l’intérêt collectif en
visant toujours à atteindre l’humanisme universel. L’Association est une
organisation éducative et pas politique. C’est-à-dire elle ne s’intéresse pas, elle
ne travaille pas pour un certain parti politique ni pour une certaine classe
sociale mais elle s’occupe de l’éducation de l’ensemble social tout entier».
Son idéologie pédagogique est alors confirmée par son retirement de
l’Association qui prend une orientation politique sous l’influence des
socialistes.
La troisième période couvre son activité et son
œuvre à partir de sa nomination à l’université de Thessaloniki et va jusqu’à sa
mort. Durant ces années, il défend ses idées et élabore des propositions plus
précises: « Tous les partis politiques doivent accepter une politique
éducative commune, posée au-dessus et au-delà de leurs oppositions ».
Mais, c’est notamment à cette période qu’il écrit et publie ses livres importants
« Les premiers efforts à Marasleios » (1930) et « L’école
cachée » (1950) dans lesquels il présente méthodiquement ses idées et ses
principes. Pour Delmouzos, le but ultime de l’éducation est que l’enfant forme un
caractère moral et indépendant mais également que l’individu s’élève à un
« humanisme universel ». Il essaie d’associer cette tradition
néocantienne avec les demandes du mouvement démoticiste pour le tournant vers
la réalité néohellénique moderne et les principes de l’École du travail. L’idéal
de l’humanisme repose sur l’éducation nationale de chaque pays car l’existence
de l’homme prend ses racines à la réalité moderne physique, sociale et
nationale. En conséquence, l’école peut former seulement si elle repose sur le
présent, la réalité moderne et ses problèmes. L’organe d’expression de la
réalité néohellénique est la langue démotique. C’est avec cette langue et les
autres éléments vivants et féconds de la civilisation moderne que l’individu et
l’ensemble national vont progresser. Les programmes et la vie scolaire, les
méthodes et l’organisation de l’enseignement doivent avoir ce même but.
« Programme, méthode et vie scolaire, l’école en général et son système
repose sur le maître. C’est à travers le maître que les élèves peuvent
comprendre la valeur de la personnalité ».
En conclusion, Delmouzos a exprimé, à son époque,
les demandes pour une école bourgeoise basée sur la réalité néohellénique
moderne, la langue démotique et les nouveaux principes pédagogiques et
sociologiques.
BIBLIOGRAPHIE
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Consulté le 21 avril 2012.
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siècles, (pp 9-26). http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1993_num_58_1_2657. Consulté le 20 avril 2012.
[1] Dès le commencement du 19e siècle, en Grèce prédomine le
système archaïque ou classique, c’est-à-dire le retour à
[2] A la fin du 19e siècle, le système éducatif grec est
caractérisé par le centralisme, la domination des matières classiques, le
mépris pour la réalité moderne (langue, histoire, société, nature), la science
et la technique, l’autoritarisme et l’absence de formation
professionnelle. De même, la physionomie de l’université avec ses quatre
facultés (Théologie, Droit, Lettres, Médicine) prouve l’orientation classiciste
et théorique de l’enseignement dans son ensemble. Il est à noter que les
branches de mathématiques et de physique constituent des sections de
[3] Elle est fondée en mai 1910 par les partisans du « Démoticisme
éducatif » dans le but de créer une école primaire expérimentale à Athènes
et contribuer à la réforme de l’éducation par l’introduction de
l’enseignement de la langue démotique, le changement des programmes, des
méthodes et des manuels scolaires. Pour diffuser ses idées, l’association
utilise plusieurs moyens tels que l’organisation des conférences, la
publication des articles à la presse, l’édition des livres et de son organe
officiel Bulletin de l’Association pour
l’enseignement. Elle va jouer un rôle principal à la
réforme de l’éducation dans l’entre-deux-guerres en Grèce. Delmouzos est
un de ses membres fondateurs et participe activement à ses activités presque
jusqu’en 1920. En 1911, il présente ses principes pédagogiques et sa méthode de
travail à l’école de Volos dans le Bulletin
(Dimaras, 2003a: 168-169).
[4] La réforme de
1917-20 prend des mesures pour l’amélioration de la formation pédagogique et de
la situation économique des enseignants du primaire, la décentralisation et
l’amélioration de l’administration des écoles, la suppression de l’enseignement
du grec ancien à l’école primaire, l’introduction
de l’enseignement de la langue démotique dans les quatre
premières classes et son enseignement parallèle avec la catharévoussa dans les deux dernières classes du primaire. De
nouveaux manuels scolaires sont imprimés parmi lesquels les fameux livres de
lecture Abécédaire avec le soleil de Delmouzos et Les
hautes montagnes de Z. Papantoniou. Ils sont rédigés en langue démotique et
expriment une pédagogie avant-gardiste et une idéologie différente de celle qui
dominait jusqu’alors à l’école primaire. Cette idéologie repose sur le
rationalisme bourgeois qui prône des valeurs telles que l’instruction, la
science, l’obéissance à la loi, la solidarité sociale, l’esprit collectif. Avec
le récit vivant, l’illustration originale, le manque de didactisme et le
moralisme ils suscitent l’intérêt des élèves et ont un bon accueil par les
enseignants (Fragoudaki, 19864: 35-43).
[5] Ils procèdent à la réintroduction
de l’enseignement de la langue démotique à toutes les classes de l’école
primaire, à la rénovation de la formation des enseignants du primaire, à
l’application de la loi de 1920 pour la fondation de l’Académie Pédagogique et
à la transformation de l’école normale d’enseignement primaire « Marasleios
» en école normale expérimentale (Noutsos, 1999: 46).
[6] Elle est fondée en 1920
mais ouvre ses portes 1924. Son but est de former, dans un cycle d’études de
deux ans, les diplômés de l’université pour devenir professeurs dans des écoles
normales d’enseignement primaire reformées. Les étudiants de l’Académie font
leurs stages dans l’école normale expérimentale « Marasleios » tandis
que les étudiants de Marasleios s’exercent dans son école primaire
expérimentale dirigée par le démoticiste dynamique M. Papamavros (Dimaras, 2003b:
200-201).
[7] Apres avoir examiné
l'affaire des « événements de Marasleios », il déclare dans son arrêt
de 1926: « L’affaire des événements de l’école normale Marasleios
appartient au conflit connu des deux idéologies pour la question de la langue.
L’initiation de l’enseignement et de l’usage de la langue démotique à Marasleios
et à l’Académie Pédagogique constitue la pierre de scandale. Tout le reste,
c’est-à-dire les accusations pour des actions antireligieuses, antipatriotiques
et immorales étaient des moyens d’attaque contre l’ennemi principal qui est la
langue démotique et sont utilisées parce qu’il était connu que notamment
celles–ci attireraient l’attention de la société grecque tout entière » (Dimaras, 20033: 147).
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