La jeunesse
et les premières influences
Delmouzos voit le jour le 31 décembre 1880 à Amfissa dans une famille aisée, nombreuse et unie et passe une enfance si heureuse dont il se souvient avec émotion tout au long de sa vie. Il fait des études primaires et secondaires dans sa ville natale et à seize ans il s’installe à Athènes et s’inscrit à la Faculté des Lettres. Déçu de la qualité de ses études «mal organisées et sans but», il suit les cours sans s’y intéresser vivement, mais il devient adepte de la langue parlée (démotique)[1] et adhère au courant du «Démoticisme éducatif» qui lutte pour la réforme de l’école par l’introduction de l’enseignement de la langue démotique et le changement de l’orientation des programmes et des méthodes. Durant la même période, il est profondément influencé par le livre de Photis Photiadis La question de la langue et notre renaissance éducative (1902) qui pose le problème éducatif et linguistique et exerce une critique aiguë à la politique éducative et à la façon du fonctionnement de l’école[2].
C’est à Iéna que Delmouzos fait la connaissance de Georges Skliros (premier sociologue grec et historien de l’école marxiste) dont il subit l’influence. Pendant leurs conversations Skliros l’introduit à la conception matérialiste de l’histoire selon laquelle les événements historiques sont la résultante des conditions économiques et sociales, en particulier des rapports entre les classes sociales. Le livre de Skliros Notre affaire sociale est pour Delmouzos «une révélation», un nouveau regard pour l’analyse et l’explication de l’histoire grecque ancienne et moderne. Mais, étant toujours idéaliste et humaniste, il va, quelque temps après, contester les principes de Skliros et exprimer son opposition à la théorie et à la pratique du marxisme. «Comme je continuais à faire des études plus spéciales, je voyais que l’école constituait l’unique levier pour le développement d’une nouvelle génération et d’un nouveau pays. Cette conviction a commencé à affaiblir quand j’ai connu Skliros en Allemagne qui me poussait à considérer l’éducation comme une annexe, un élément composant qui suit l’évolution sociale en boitant, sans jamais précéder. Mais, après le premier enthousiasme, enrichi par les nouvelles idées mais lucide, je voyais que l’école, malgré sa liaison étroite avec les conditions sociales, est un facteur élémentaire pour le progrès d’un pays» (Delmouzos, 1952: 443).
Avant
de rentrer en Grèce, il voyage à Constantinople pour connaître l’auteur
Photiadis dont le livre lui a permis de prendre conscience de la nécessité
d’une éducation purement «nationale et humaniste» reposant sur la réalité
néohellénique moderne, la langue démotique et la tradition vivante du peuple.
Il rentre à Athènes en mars 1907 et publie dans le journal Acropolis ses
premiers articles sur la valeur éducative de la langue démotique (Papanoutsos, 19842: 32-36, 39-40).
L’École Municipale Supérieure de Jeunes Filles de Volos (1908-1911)
De son retour en Grèce, Delmouzos fait la connaissance du médecin D. Saratsis qui le persuade d’entreprendre la direction d’une école privée d’enseignement secondaire de jeunes filles à Volos. En septembre 1908, Saratsis a proposé et le conseil municipal de la ville a approuvé la fondation de cette école, afin de satisfaire les besoins d’instruction des jeunes filles, issues des familles bourgeoises, à une époque où il n’existait pas d’écoles publiques secondaires féminines.
L’école comprend seulement trois classes et a pour but de donner à
ses élèves une instruction « supérieure » à celle de l’école primaire.
Delmouzos travaille avec enthousiasme et inaugure une nouvelle
pédagogie qui est, d’ailleurs, liée aux propositions de réforme que l' «Association
pour l’Enseignement» (Εκπαιδευτικός
Όμιλος)[3] est en train
d’élaborer. L’enseignement commence par la réalité néohellénique moderne «parce que seulement celle-ci pouvait être la base pour l’instruction de nos
enfants. C’est-à-dire leur âme, leur vie que l’école primaire n’a ni examinée,
ni explorée mais le pire: elle l’a totalement méprisée. C’est celle-ci qui
offrait le matériel vivant de l’enseignement qui susciterait aussitôt leur
intérêt» (Delmouzos, 1950: 30). En effet, le programme des cours est novateur
en le comparant avec les programmes datant de la même époque et reflète les
idéaux bourgeois concernant l’enseignement (la transmission des connaissances
utiles, substantielles, positives et l’apprentissage de la vie sociale). Les
heures d’enseignement du grec ancien sont limitées (les textes des auteurs
anciens sont enseignés par des traductions) et l’accent est mis sur
l’enseignement des langues vivantes (la démotique et le français), de la
littérature grecque moderne et des sciences naturelles. Le programme attache
une importance égale à des matières techniques et pratiques telles que le
jardinage, la broderie, la couture, l’hygiène, la propreté de la maison visant
à la préparation des jeunes filles pour leurs futurs devoirs domestiques et
familiaux. Delmouzos enseigne lui-même les matières principales et s’efforce de
cultiver l’initiative de ses élèves dans leurs apprentissages, développer leur
esprit critique, favoriser la discussion ouverte et leur expression vive et
précise en langue démotique. En outre, dans le but de faciliter leur contact
avec la nature tout en stimulant leurs forces psychiques et corporelles, il
organise des promenades et des activités diverses en plein air (Charitos,
1989).
Cependant,
les conflits politiques et idéologiques de cette période pour la question de la
langue placent l’activité pédagogique de Delmouzos dans le centre des
événements. Les innovations mises en œuvre à l’école de Volos provoquent la
vive réaction des partisans de la catharévoussa et de l’éducation
traditionnelle qui trouvent un terrain d’expression dans le journal local
conservateur «Héraut» (Κήρυξ). Delmouzos et les responsables de l’école sont accusés d’athéisme et
d’immoralité. Par la suite une manifestation populaire est organisée pour la
suppression immédiate de l’école, pendant laquelle l’établissement scolaire et
la maison de Delmouzos sont attaqués. Ces événements, appelés «Athéiques de
Volos» (Αθεϊκά του Βόλου), entraînent la fermeture de l’école (le 2 mars 1911) et les déboires
juridiques du directeur et du personnel enseignant. Ils aboutissent au procès
de Nauplie (1914) qui reconnaît enfin leur innocence (Charitos, 1989).
L’école de Volos est une école-modèle, indépendante de l’église et de l’état, où des réformes sont apportées dans le coeur du plus grand problème du système éducatif grec, l’enseignement de jeunes filles. Son fonctionnement constitue une étape considérable dans l’histoire de l’éducation néohellénique.
Les efforts pour la réforme de l’éducation (1912-1920)
La victoire du parti libéral de Venizélos aux élections de 1910 marque un tournant important dans la vie sociale, politique, économique et culturelle du pays. Les gouvernements venizélistes procèdent à une série de réformes pour le redressement et la modernisation de la Grèce qui renforcent, d’ailleurs, leur rivalité avec les éléments conservateurs de la classe dominante, les royalistes et les groupes sociaux menacés par les changements apportés. Au cours de cette période, Delmouzos se lie d’amitié et collabore avec deux cadres de l' «Association pour l’Enseignement», le pédagogue réformateur D. Glinos et le linguiste défenseur de la langue démotique M. Triantaphyllidis. Les trois hommes, appelés «triumvirat de la réforme» jouent un rôle très actif dans les débats sur l’éducation et participent à tous les efforts entrepris par les gouvernements libéraux pour le renouvellement du système éducatif.
En 1912, l’Association adresse au ministère de l’Éducation un mémoire avec ses propositions pour la réforme des programmes de l’école primaire, de l’école secondaire des jeunes filles et de l’école normale d’enseignement primaire des jeunes filles. Delmouzos rédige le chapitre concernant l’enseignement de jeunes filles où il expose presque tout le programme de l’école de Volos. En 1913, il participe à l’élaboration des projets de loi du ministre de l’Éducation J. Tsirimokos qui reflètent l’idée purement bourgeoise de la transformation de l’école en facteur du progrès économique et de son orientation vers la réalité moderne. Néanmoins, ces projets de loi ne sont pas votés par le parlement à cause de la réaction d’une partie conservatrice de la société, mais finalement quelques mesures innovatrices sont prises, notamment pour l’école primaire.
En 1916, un «Comité de l’éducation», composé de Glinos, Delmouzos et Triantaphyllidis, est créé dans le but de poursuivre et organiser les efforts pour le renouveau éducatif. Pendant la période 1917-1920, le gouvernement venizéliste réalise une réforme de l’enseignement qui d’une part vise à la réorganisation de l’école et d’autre part tend à l’adoption de la langue démotique tout au moins à l’école primaire qui constitue la base du système éducatif[4]. Le «triumvirat de la réforme» entreprend des tâches au sommet de l’hiérarchie éducative: Glinos est nommé Secrétaire général du ministère de l’Éducation, Delmouzos et Triantaphyllidis inspecteurs en chef du primaire, responsables pour la mise en œuvre des mesures réformatrices et l’inspection de tout l’enseignement primaire. Par ces postes supérieurs, ils organisent des colloques et des séminaires pédagogiques dans toutes les villes afin de convaincre les enseignants pour la nécessité et l’urgence des réformes, les préparer à enseigner la langue démotique et la littérature grecque moderne et les initier aux principes du courant de l’Éducation Nouvelle et aux théories sociologiques modernes.
Pourtant, la réforme suscite une violente réaction née
d’une double origine. En premier lieu, le parti royaliste la combat parce
qu’elle est créée par le parti libéral et apporte un esprit démocratique dans
l’école. En second lieu, la réforme se heurte à l’opposition des humanistes conservateurs,
partisans de la catharévoussa, qui ne peuvent pas comprendre la nécessité de
l’adaptation de l’école aux besoins de la société et accusent les réformateurs
de diffusion des idées bolcheviques (Glinos & Kougeas, 1927: 161-165· Fragoudaki, 19864: 27-34).
La défaite
de Venizélos aux élections de Novembre 1920 et l’accession des royalistes au
pouvoir marquent le revirement de la politique éducative. Bien entendu, le
lendemain des élections les agents de la réforme (Delmouzos, Glinos,
Triantaphyllidis) abdiquent de leurs postes au ministère de l’Éducation. Dans
un climat de fanatisme politique et idéologique les conservateurs imposent le
rejet de la langue démotique, la suppression des livres de la réforme et leur
remplacement immédiat par ceux approuvés par l’état avant 1917. Delmouzos, déçu
de l’interruption soudaine et inattendue de son travail réformateur, quitte la
Grèce et va pour deux ans à Munich (1921-1923) afin de continuer ses études.
C’est au cours de son deuxième séjour en Allemagne qu’il subit l’influence du
courant pédagogique de l’ "École du travail" et réfléchit sur le caractère et les
moyens d’une nouvelle tentative de réforme éducative (Noutsos, 1991: 54).
Les
événements de l’École Normale d’enseignement primaire Marasleios
Après les
désastres en Asie Mineure (septembre 1922), le gouvernement révolutionnaire
renverse le régime monarchique et exile le roi Constantin. Alors, les libéraux
reviennent au pouvoir et la politique éducative passe à nouveau entre les mains
des rénovateurs qui remettent en vigueur toutes les lois de la réforme de
1917-1920[5].
Delmouzos
rentre en Grèce en mars 1923 et reprend le poste de l’inspecteur en chef du
primaire avec Triantaphyllidis, alors que Glinos devient conseiller pédagogique
du ministère de l’Éducation. Ils commencent alors, tous ensemble, un nouvel
effort pour la modernisation de l’éducation. Après l’expérience récente du
renversement de leur œuvre réformatrice, ils sont convaincus que la réforme ne
peut être réalisée par une simple mise en œuvre des réglementations
législatives, mais il est absolument nécessaire d’éclairer les enseignants, de
leur inspirer une autre mentalité éducative, les initier aux principes du «Démoticisme éducatif» pour qu’ils embrassent avec enthousiasme la réforme et
la soutiennent dans les écoles (Fragoudaki 19864 : 72).
En 1923,
Delmouzos est nommé directeur de l’école Normale d’enseignement primaire à
l’édifice Marasleios «pour former des
individus vivants meilleurs que ceux de notre génération et pour créer, au fil
du temps, une école basée sur la réalité moderne, sur notre vie. La langue
démotique est une condition indispensable pour toute activité instructive…»
(Dimaras 20033: 138). Par son nouveau poste, il travaille avec persévérance et parvient à apporter un nouvel esprit, des méthodes
d’enseignement novatrices et particulièrement une nouvelle conception pour la
vie de l’école en mettant en pratique l’institution de la coopérative scolaire.
Il collabore étroitement avec Glinos, directeur de l’Académie Pédagogique, à
laquelle «Marasleios» est attachée comme école normale expérimentale[6].
Cependant,
la crise sociale et politique de cette période influence profondément le
travail créatif de Delmouzos. Un peu avant la dictature de Pangalos (1925) un
grand scandale éclate, connu sous le nom d’ «événements de Marasleios», qui
suscite un grand nombre de dénonciations, de rapports, d’interrogatoires et de
poursuites judiciaires. Delmouzos est accusé de suppression du cours de morale,
de diffusion des théories matérialistes pendant le cours d’histoire,
d’immoralité, d’enseignement dangereux, antipatriotique et antireligieux.
Alors, il est écarté de la direction de l’école normale (1926) et pour une fois
encore une œuvre de grande importance éducative et nationale est interrompue.
Cette affaire s’achève en 1926, par l’arrêt du conseiller à la cour de
cassation G. Antonakakis[7] qui innocente et réhabilite définitivement
Delmouzos (Dimaras 20033: 145-147· Fragoudaki 19864: 72-73).
En mars
1927, Delmouzos se heurte à son vieil ami et collaborateur Glinos pour le but
et le caractère de l’ «Association pour l’enseignement». Dans les dernières
assemblées générales de l’Association (février-mars 1927), il défend sa
neutralité politique, le caractère national de l’école qui doit être placée en
dehors et au-dessus des partis politiques et s’oppose à l’orientation
socialiste que prend l’Association sous l’influence des socialistes. Étant le
chef de la minorité il s’en retire et cela entraîne la disjonction et enfin à
la dissolution de l’Association historique (Noutsos, 1990: 213-228).
L’activité
universitaire
En 1928, Delmouzos est élu
professeur de pédagogie à la Faculté des lettres de la nouvelle Université de
Thessaloniki et se consacre avec
enthousiasme à son travail éducatif. Parallèlement, il entreprend la
surveillance de l’école expérimentale de l’université dans laquelle il essaie
d’introduire les principes de l’ "École du travail". Un peu plus tard, il soutient
activement les réformes éducatives des gouvernements libéraux (1929-1932) qui
mènent au changement des programmes scolaires, en vigueur depuis 1836, et
instituent la structure 6+6 (primaire + secondaire).
Après le
putsch de 1935, il est renvoyé provisoirement mais par la suite il est nommé de
nouveau professeur de l’Université (février 1936). Pendant la dictature de
Metaxas, instaurée en 1936, il défend avec courage le mouvement démoticiste et
la réforme éducative de 1929 attaqués par le ministre de l’Éducation K.
Georgacopoulos. Finalement, en septembre 1937, il soumet sa démission parce que
dans ces conditions, il lui est impossible de continuer son travail à
l’Université (Noutsos, 1991: 55).
Les
dernières années
De 1937
jusqu’à sa mort en 1956, Delmouzos n’arrête pas de poursuivre la politique
éducative, de publier des articles à la presse et des livres, de donner des
conférences, de s’intéresser à des institutions telles que la "Croix Rouge", la "Fondation des bourses de l’état" (IKY), l’ "Union chrétienne des jeunes filles" (XEN). Certes, il ne refuse pas de donner des conseils sur des questions
concernant l’éducation aux hommes de pouvoir et se prononce toujours pour une
politique éducative au-dessus des partis politiques et pour la neutralité
politique de l’école. Ces positions le conduisent à des attaques violentes
contre la Gauche, notamment après la libération (1944) (Papanoutsos, 19842:
120-127).
Il nous a
laissé plusieurs écrits, dans lesquels il analyse ses principes et expose ses
réalisations pédagogiques, dont les plus importants sont: Vers la renaissance
éducative (Bulletin de l’ "Association pour l’Enseignement", 1917-1919),
Marasleios et Vie (1925), Démoticisme et Éducation (1926), Les premiers efforts
à Marasleios (1930), Le problème de la Faculté des Lettres (1944), Éducation et
Parti (1944), Photis Photiadis et son œuvre éducatrice (1947), L’école cachée
(1950).
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Consulté le 20 avril 2012.
NOTES
[1] Dès le commencement du 19e siècle, en Grèce prédomine le système archaïque ou classique, c’est-à-dire le retour à la Grèce antique et la renaissance de la langue ancienne. On abandonne donc la langue moderne qui s’est développée d’une façon « physiologique » dans la bouche du peuple par une transformation lente du grec ancien et on crée la langue dite « catharévoussa » (pure) qui se rapproche à la langue antique. Celle-ci devient la langue officielle de l’état et par conséquent de l’enseignement. Alors, à partir de la première classe du primaire, l’école assume la tâche de transformer le grec parlé en grec archaïque. Certes, cette tentative affaiblit l’œuvre de l’école primaire au point de vue éducatif et aboutit à l’insuccès. Ce défaut est reconnu vers la fin du 19e siècle par tous les esprits libéraux d’autant plus que l’existence d’une littérature « puriste » (écrite en catharévoussa) s’est relevée à l’expérience impossible. Au début du 20e siècle la « question de la langue » s’inscrit dans les conflits politiques et idéologiques entre les conservateurs soutenant la catharévoussa et les progressistes soutenant la langue démotique (Glinos & Kougeas, 1927:160-161).
[2] A la
fin du 19e siècle, le système éducatif grec est caractérisé par le centralisme,
la domination des matières classiques, le mépris pour la réalité moderne
(langue, histoire, société, nature), la science et la technique,
l’autoritarisme et l’absence de formation professionnelle. De même, la
physionomie de l’université avec ses quatre facultés (Théologie, Droit,
Lettres, Médicine) prouve l’orientation classiciste et théorique de
l’enseignement dans son ensemble. Il est à noter que les branches de mathématiques
et de physique constituent des sections de la Faculté des Lettres jusqu’en
1904. Mais, l’organisation et l’orientation de l’enseignement public satisfait
de moins à moins et, durant les dernières décennies du 19e siècle, le besoin de
réformes devient de plus en plus évident dans la société grecque (Tsoukalas,
19875: 556-557).
[3] Elle
est fondée en mai 1910 par les partisans du « Démoticisme éducatif » dans le
but de créer une école primaire expérimentale à Athènes et contribuer à la
réforme de l’éducation par l’introduction de l’enseignement de la langue
démotique, le changement des programmes, des méthodes et des manuels scolaires.
Pour diffuser ses idées, l’association utilise plusieurs moyens tels que
l’organisation des conférences, la publication des articles à la presse,
l’édition des livres et de son organe officiel Bulletin de l’Association pour
l’enseignement. Elle va jouer un rôle principal à la réforme de l’éducation
dans l’entre-deux-guerres en Grèce. Delmouzos est un de ses membres fondateurs
et participe activement à ses activités presque jusqu’en 1920. En 1911, il
présente ses principes pédagogiques et sa méthode de travail à l’école de Volos
dans le Bulletin (Dimaras, 2003a: 168-169).
[4] La
réforme de 1917-20 prend des mesures pour l’amélioration de la formation
pédagogique et de la situation économique des enseignants du primaire, la
décentralisation et l’amélioration de l’administration des écoles, la
suppression de l’enseignement du grec ancien à l’école primaire, l’introduction
de l’enseignement de la langue démotique dans les quatre premières classes et
son enseignement parallèle avec la catharévoussa dans les deux dernières
classes du primaire. De nouveaux manuels scolaires sont imprimés parmi lesquels
les fameux livres de lecture Abécédaire avec le soleil de Delmouzos et Les
hautes montagnes de Z. Papantoniou. Ils sont rédigés en langue démotique et
expriment une pédagogie avant-gardiste et une idéologie différente de celle qui
dominait jusqu’alors à l’école primaire. Cette idéologie repose sur le
rationalisme bourgeois qui prône des valeurs telles que l’instruction, la
science, l’obéissance à la loi, la solidarité sociale, l’esprit collectif. Avec
le récit vivant, l’illustration originale, le manque de didactisme et le
moralisme ils suscitent l’intérêt des élèves et ont un bon accueil par les
enseignants (Fragoudaki, 19864: 35-43).
[5] Ils
procèdent à la réintroduction de l’enseignement de la langue démotique à toutes
les classes de l’école primaire, à la rénovation de la formation des
enseignants du primaire, à l’application de la loi de 1920 pour la fondation de
l’Académie Pédagogique et à la transformation de l’école normale d’enseignement
primaire « Marasleios » en école normale expérimentale (Noutsos, 1999: 46).
[6] Elle
est fondée en 1920 mais ouvre ses portes 1924. Son but est de former, dans un
cycle d’études de deux ans, les diplômés de l’université pour devenir
professeurs dans des écoles normales d’enseignement primaire reformées. Les
étudiants de l’Académie font leurs stages dans l’école normale expérimentale «
Marasleios » tandis que les étudiants de Marasleios s’exercent dans son école
primaire expérimentale dirigée par le démoticiste dynamique M. Papamavros
(Dimaras, 2003b: 200-201).
[7] Après
avoir examiné l'affaire des « événements de Marasleios », il déclare dans son
arrêt de 1926: « L’affaire des événements de l’école normale Marasleios
appartient au conflit connu des deux idéologies pour la question de la langue.
L’initiation de l’enseignement et de l’usage de la langue démotique à
Marasleios et à l’Académie Pédagogique constitue la pierre de scandale. Tout le
reste, c’est-à-dire les accusations pour des actions antireligieuses,
antipatriotiques et immorales étaient des moyens d’attaque contre l’ennemi
principal qui est la langue démotique et sont utilisées parce qu’il était connu
que notamment celles–ci attireraient l’attention de la société grecque tout
entière » (Dimaras, 20033: 147).
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